Vient de paraître

Juifs et chrétiens au Canada 50 ans après Nostra Ætate.
Sous la direction de Jean Duhaime et Gilles Routhier.

Anjou (Qc), Fides, 2017
ISBN: 9782762140842.
24,95 $ CAD.

Au cours de l’automne 2015, plusieurs événements ont souligné le 50e anniversaire de la déclaration Nostra Ætate du Concile Vatican II sur l’Église et les religions non-chrétiennes. Pour prolonger ces célébrations, les éditeurs ont réuni ici les communications présentées lors de la « Conférence du Jubilé de Nostra Ætate », tenue à Montréal du 27 octobre au 1er novembre, et de la « journée d’étude sur « Les relations judéo-chrétiennes au Canada: passé, présent, avenir », qui s’est déroulée à l’Université Laval de Québec le 12 novembre. Les réflexions présentées à ces deux occasions témoignent de la transformation majeure opérée par Nostra Ætate, de sa réception et de ses échos dans le monde juif et chrétien, particulièrement en contexte en contexte canadien, tout en explorant les nouveaux défis du dialogue entre juifs et chrétiens.

Les allocutions d’ouverture de la Conférence du Jubilé de Nostra Ætate, prononcées par le  Rabbin Reuben Poupko (« Le pouvoir des idées ») et de Mgr Luigi Bonazzi, nonce apostolique au Canada (« Nostra Ætate pierre angulaire du dialogue ») constituent la préface du livre. Les interventions principales sont regroupées en deux parties. Dans la première, « Nostra Ætate, un point tournant », Jean Duhaime présente le paragraphe 4 de la déclaration Nostra Ætate, portant sur la religion juive, puis sa mise en application par les autorités catholiques depuis 50 ans, les principaux acquis qui en résultent et le travail qui reste à faire. Gilles Routhier livre pour sa part une étude sur les contributions canadiennes à la Déclaration Nostra Ætate, s’attardant en particulier au rôle joué par Gregory Baum dans la rédaction du document, aux interventions de trois évêques canadiens (le cardinal Paul-Émile Léger, Mgr Arthur Douville et Mgr Philip F. Pocock) et à aux échos du débat sur la déclaration dans les médias québécois. Figure bien connue du dialogue entre juifs et chrétiens dans la francophonie, Armand Abécassis, offre un point de vue juif sur Nostra Ætate : même si cette déclaration a mis un terme à la dommageable théologie de la substitution et constitué une véritable révolution dans les relations de l’Église avec le judaïsme, elle a toutefois des limites que le vis-à-vis juif peut signaler en toute franchise, permettant ainsi l’approfondissement d’un dialogue fraternel. Patricia G. Kirkpatrick, montre l’impact profond de la pensée exprimée dans Nostra Ætate sur les Églises de la communion anglicane, particulièrement dans son rapport au judaïsme, à l’aide de documents de la conférence de Lambeth, d’un outil d’introduction préparé par l’Église anglicane canadienne et d’un texte de réflexion sur la Terre Promise.

La deuxième partie, « Les relations judéo-chrétiennes au Canada », est introduite par une brève mise en contexte et un précieux témoignage personnel de Victor Goldbloom ; ce fut sa dernière intervention publique sur le sujet. Dans sa seconde étude, Gilles Routhier cherche à retisser les fils de l’histoire des relations judéo-chrétiennes dans la ville de Québec et met en valeur une page très peu connue de cette histoire : les amitiés judéo-chrétiennes de Québec. Michael Attrige s’est pour sa part plongé dans les archives du Conseil canadien des chrétiens et des juifs, pour en retracer l’histoire, principalement au cours des années 1947 à 1970, et évaluer les rapports entre les activités du Conseil et la déclaration Nostra Ætate. Jean Duhaime rend compte de la réception de Nostra Ætate dans l’Église catholique au Canada à l’aide d’un sondage éclair réalisé auprès des responsables du dialogue œcuménique et interreligieux d’une dizaine de diocèses situés dans des territoires où il y a une population juive significative.

En conclusion quatre représentants des générations montantes, Bruno Demers, Myriam Azogui-Halbwax, Adriana Bara et Taylor Baruchel répondent, à la question « 50 ans après Nostra Ætate, quel avenir bâtirons-nous ? ». Ils font état de leurs expériences concrètes de dialogue et ils partageant les réflexions que leur inspirent « Les Douze points de Berlin », un document adopté par l’Amitié internationale judéo-chrétienne en 2009 pour inviter les juifs et les chrétiens à s’engager résolument dans un dialogue toujours plus poussé, conduisant au témoignage et à l’action commune, dans le respect des identités de chacun.

Cet ouvrage est dédié à la mémoire du Dr Victor Goldbloom, décédé le 15 février 2016, un artisan inlassable du dialogue interreligieux, et particulièrement du dialogue judéo-chrétien au Québec et dans le monde, un modèle et une inspiration pour plusieurs générations.

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