Les douze points de Berlin, une mise à jour de Seelisberg

Durant le congrès de l'Amitié internationale judéo-chrétienne tenu à Berlin du 5 au 8 juillet 2009, les participants ont discuté et adopté les «Douze points de Berlin», que nous reproduisons ci-après.

Les douze points de Berlin, une mise à jour de Seelisberg

Le titre fait écho aux «Dix points de Seelisberg», un document adopté en 1947 par un groupe de Chrétiens et de Juifs qui, tout juste après la catastrophe de la Shoah, entendaient fonder de nouvelles relations basées sur le respect et l'estime mutuels. Cet appel, diffusé par le Conseil International des Chrétiens et des Juifs (CICJ) et les organisations membres de l'Amitié Internationale Judéo-Chrétienne (AIJC), se veut une mise à jour des Dix points de Seelisberg en fonction des avancées du dialogue et des défis actuels.

Une première partie invite tous les Chrétiens et toutes les communautés chrétiennes à s'associer aux efforts du CICJ et de l'AIJC «pour éradiquer tous les vestiges de mépris à l'encontre des Juifs et à resserrer les liens avec toutes les communautés juives à travers le monde». Pour cela, quatre objectifs principaux sont proposés: combattre l'antisémitisme, promouvoir le dialogue avec les Juifs, développer une compréhension théologique du judaïsme et prier pour la paix à Jérusalem. À chaque fois des moyens concrets accompagnent la formulation des objectifs. Une des façons de lutter contre l'antisémitisme consistera, par exemple, à présenter «les deux Testaments de la Bible chrétienne comme complémentaires [...] et non comme antagonistes et de valeur inégale» (point 1). Au plan de la compréhension théologique, il faut viser également à éliminer «tout enseignement où les Chrétiens auraient remplacé les Juifs comme peuple en alliance avec Dieu» (point 3).

La deuxième partie, construite en parallèle, invite les Juifs et les communautés juives à contribuer aux efforts pour «éradiquer tous les vestiges d'animosité et de caricature à l'encontre des Chrétiens et à resserrer les liens avec les Églises chrétiennes à travers le monde». Pour ce faire, on leur propose de reconnaître les efforts accomplis par les communautés chrétiennes pour réformer leur attitude à l'égard des Juifs, réviser en conséquence les textes juifs et la liturgie, dissocier la critique impartiale de l'État d'Israël de l'antisémitisme et encourager l'État d'Israël dans ses efforts pour réaliser les idéaux inscrits dans son acte de naissance. Parmi les moyens concrets, on suggère d'inclure dans les programmes des écoles juives «des enseignements fondamentaux exacts sur le Christianisme» (point 5) et d'aider les Chrétiens à comprendre «que l'engagement pour la survie et la sécurité d'Israël est un point essentiel pour la plupart des Juifs» (point 7).

La dernière partie invite «les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans, ainsi que tous les peuples de foi et de bonne volonté, à toujours respecter les autres et à accepter les différences et la dignité de chacun» et leur propose comme buts d'améliorer l'éducation interreligieuse et interculturelle, de promouvoir l'amitié et la coopération entre les religions ainsi que la justice sociale, d'améliorer le dialogue avec les organismes politiques et économiques et de joindre les efforts concernant la préservation de l'environnement. On y parviendra notamment en travaillant à supprimer les préjugés, en collaborant à la recherche de valeurs communes (point 9) et en se battant pour l'égalité des droits (point 10).

Comme l'indique le texte de présentation, les membres du CICJ et de l'AIJC souhaitent ainsi poursuivre l'initiative de Seelisberg et continuer à renforcer entre Juifs et Chrétiens «une meilleure compréhension les uns des autres [...], une acceptation réciproque dans un total respect de nos différences, et une affirmation de notre commune humanité».


Le temps du réengagement: les douze points de Berlin:

Berlin Paper