La violente attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier, ainsi que le début des bombardements sur Gaza par Israël dans les jours qui ont suivi, ont marqué une énième résurgence du conflit israélo-palestinien, le plaçant au centre des débats actuels et de l’actualité médiatique. Face à la grande quantité d’informations qui entoure ce conflit, ainsi qu’aux analyses très partiales, la Commission Justice & Paix souhaite porter un discours en faveur de la paix, qui prône la réconciliation, la recherche de solutions justes pour les peuples et le dépassement des discours simplistes.
La recherche du coupable
“Qui porte la responsabilité de cette horreur?”, “Envers quel camp faut-il être favorable?”… Partout sur les réseaux sociaux et dans les médias, on tente de pointer un coupable. En outre, les discours binaires dominent la sphère médiatique, cristallisant nos émotions et poussent les citoyens et citoyennes à choisir un camp. Et si nous nous posions plutôt cette question: "Que faire pour sortir de cette situation qui dure déjà depuis trop longtemps?"
En effet, la paix souffre aujourd’hui de cette obligation à la prise de position car elle sape le dialogue et réduit la complexité historique de la situation à une vision binaire opposant le bien et le mal.
Les risques de l’importation
Tel que l’écrivait notre association partenaire BePax il y a quelques années[1], un des risques de cette simplification de la situation à une vision binaire est l’importation du conflit en Belgique, notamment par le biais d’une double identification: celle d’une partie de la communauté juive de Belgique au sort des Israéliens et celle d’une partie de nos concitoyens originaires de pays musulmans à celui des Palestiniens. Un autre risque d’importation du conflit est la montée des discours xénophobes – qu’ils soient antisémites ou islamophobes – qui pourraient engendrer un repli des différentes communautés sur elles-mêmes ainsi qu’une montée de la haine et de la violence.
Chez Justice & Paix, nous sommes intimement convaincu(e)s que le fait d’agir pour la paix peut commencer chez nous en préservant des espaces d’échange et de dialogue, les premiers remparts de la culture de paix. La compréhension des dynamiques mondiales actuelles est également importante afin d’éviter de polariser les débats. Le fait de comprendre et de discerner les discours simplistes ou binaires voire complotistes permet d’apporter de la nuance dans les débats et favorise la discussion. Bien que toutes les lectures d’une situation ne soient pas toujours convergentes[2], il est important que cette discussion se fasse dans l’ouverture à l’autre et dans l’inclusivité. Nous pouvons, en effet, avoir une position nuancée qui considère à la fois l’horreur et le caractère inacceptable des attaques terroristes commises par le Hamas en sol israélien et le fait que la réponse militaire israélienne n’est pas plus acceptable. Il est, en outre, possible de soutenir la cause palestinienne sans justifier les attaques horribles du Hamas, tout comme on peut démontrer sa solidarité envers le peuple israélien sans cautionner toutes les actions du gouvernement de Benjamin Netanyahou.
Place à l’action!
Par ailleurs, nous pouvons, tous et toutes, contribuer à la préservation des espaces de dialogue et de concertation, que ce soit des espaces pour la libre expression publique ou des espaces de dialogues politiques au sein des Etats. Cela contribue in fine à préserver les espaces de démocratie dans une optique systémique. Le fait de préserver des espaces d’échange permet également, dans un second temps, la mise en action[3]. Cela peut se faire par plusieurs biais, comme le fait d’interpeller des élu(e)s, de se mobiliser et surtout de plaider pour des solutions en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza et d’une paix concrète pour les populations israéliennes et palestiniennes.