L’interprétation du Cantique des Cantiques dans La Bible de Jérusalem

La Bible de Jérusalem a connu plusieurs éditions depuis le milieu du 20e s. La traduction du Cantique des cantiques y demeure essentiellement la même; mais elle est comprise d’abord selon une interprétation prophétique (1951), puis anthropologique (1973) et enfin messianique (1998).

Introduction

La Bible de Jérusalem (BJ) est probablement la plus connue et la plus répandue des traductions catholiques de la Bible en français. Amorcée à la fin de la seconde Guerre mondiale, elle a connu plusieurs éditions et fait actuellement l’objet d’un vaste projet intitulé «La Bible en ses traditions» dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem (EBAF)[2]. À travers les introductions aux livres de la Bible et leur traduction abondamment annotée on peut percevoir quelque chose de l’état des recherches et des débats concernant l’interprétation biblique en milieu catholique. Le cas du Cantique des Cantiques est particulièrement intéressant, car l’interprétation suggérée varie d’une édition à l’autre. Je propose d’explorer ici trois éditions (1951, 1973, 1998) en regardant comment sont présentés le contenu et la structure du livre, son genre, sa provenance, son sens initial et sa réception chrétienne. On terminera par une réflexion sur la diversité des interprétations rencontrées.

1. Une lecture prophétique (1951)

Introduction, traduction et notes

Dans la première édition de la BJ, le Cantique des Cantiques a été confié à M. André Robert, p.s.s. professeur à l’Institut Catholique de Paris. Son travail est d’abord paru dans un fascicule publié en 1951 et réédité en 1958[3]. L’introduction et les notes ont été condensées dans l’édition en un volume de la BJ publiée en 1955. A. Robert est décédé en 1955, laissant derrière lui de nombreuses publications sur le Cantique et un imposant commentaire édité de façon posthume par le P. Raymond J. Tournay, o.p., de l’EBAF, avec le concours d’André Feuillet, p.s.s. (Robert – Tournay – Feuillet 1963). Ce commentaire explicite l’interprétation retenue dans la BJ.

Contenu et structure

«Le Cantique (…) chante dans une suite de poèmes l’amour mutuel d’un Bien-aimé et d’une Bien-aimée qui se joignent et se perdent, se cherchent et se trouvent» (BJ 1955, p. 856). Le texte est divisé d’après son contenu et les sections sont attribuées à «l’Épouse», «l’Époux» ou à un «chœur», suivant l’usage de la version grecque des Septante (cette attribution est absente de l’hébreu).

Titre (1,1) «Cantique des Cantiques, de Salomon». Compris comme un superlatif, «Le Cantique par excellence» (p. 7)


Exorde (1,2-4), «mettant en scène l’épouse» appelant «l’Absent» (p. 19).


Dans l’édition en un volume (BJ 1955), on trouve plutôt: «Titre et prologue» (1,1-4).


Corps: cinq poèmes distincts (1,5 – 2,7; 2,8 – 3,5; 3,6 –5,1; 5,2 – 6,3; 6,4 –8,4): «L’idée directrice (…) consiste à décrire le crescendo du sentiment réciproque des époux et leur rapprochement progressif. Le rythme intérieur de chacune de ces unités comporte tension et repos» (p. 19). A. Robert explique: «La tension trouve son expression dans la contemplation admirative, le désir franchement exprimé, les appels et les réponses, la recherche anxieuse».  Le repos est la «possession mutuelle (…) qui marque nettement la fin de chaque poème» (p. 19).


Dénouement (8,5-7b[4])


Appendices (8,7c-14)

Genre et provenance

Pour A. Robert, le Cantique «appartient au genre dramatique, largement entendu» (p. 16). Il admet une certaine influence des recueils égyptiens de chants d’amour, mais surtout au niveau du style (p. 11-12), ce qui laisse entière la question du sens du Cantique (voir plus loin). L’attribution à Salomon (1,1), due à sa réputation d’auteur de cantiques (1 R 5,12), explique qu’on l’ait classé parmi les écrits de sagesse, avec les Proverbes et l’Ecclésiaste (Qohélet). Mais cette attribution est suspecte et A. Robert estime plutôt qu’on a affaire à un écrit d’époque perse «dans l’ambiance de Néhémie», ce que confirmeraient les données linguistiques (p. 23).

Sens initial

A. Robert estime que le Cantique ne peut être compris qu’en le situant «dans la tradition littéraire et théologique d’Israël» (p. 12-13). Plus précisément, selon A. Robert, le Cantique utilise des passages prophétiques des livres d’Osée (Os 2), de Jérémie (31,17-22) et d’Isaïe (51,17.21.22; 52,1-2.7-8; 61,10-11; 62,4-5). «Les éléments doctrinaux contenus dans ces textes… constituent ce qu’on peut appeler la théologie de la conversion et de la rentrée en grâce» (p. 14). La nation d’Israël, assimilée à une épouse, a quitté son Dieu pour servir d’autres divinités; elle est châtiée par une épreuve qui veut provoquer le repentir. Répondant aux avances de Dieu, la coupable se convertit. Son époux l’accueille et lui accorde «la plénitude du bonheur eschatologique». 

Réception chrétienne

A. Robert retrace l’histoire de l’interprétation du Cantique dans le christianisme. En transposant l’interprétation juive, qui y voit la relation d’amour entre Dieu et Israël, on a compris qu’il décrivait les «noces mystiques du Christ et de l’Église», avec des variantes individuelles (l’âme à la recherche de son époux divin – Bernard de Clairvaux, Jean de la Croix) ou mariales (Marie, figure de l’épouse parfaite – usage liturgique). Sans rejeter ces interprétations, A. Robert estime toutefois que «ce livre étonnant s’adresse d’abord aux commençants et aux progressants de la théologie ascétique. (…) l’âme chrétienne a toujours besoin de conversion; elle ne doit jamais cesser d’être attentive aux approches de Dieu; (…) il lui fait aspirer sans cesse à l’union pleine et au bonheur parfait. Le Cantique est donc le livre de tous, celui qui fait retrouver jusqu’au bout l’itinéraire de l’amour» (p. 25).

2. Une lecture anthropologique (1973)

Introduction, traduction et notes

L’édition de 1973 est présentée comme une «nouvelle édition revue et augmentée» (p. titre). La nouvelle introduction du Cantique a été rédigée par R. de Vaux, qui a également retouché la traduction et les notes.

Contenu et structure

Dans la BJ 1973, R. de Vaux reprend mot à mot l’introduction de A. Robert (BJ 1955) pour décrire le contenu du Cantique (BJ 1973, p. 945). Il conserve les divisions de la première édition en un prologue (Ct 1,2-4) et cinq poèmes (Ct 1,5 – 8,4), mais sans le crescendo que croyait y reconnaître A. Robert. Il ne parle donc pas de dénouement, mais d’«épilogue» (Ct 8,5-7) et d’appendices (Ct 8,8-14). De Vaux précise: «Le Cantique ne suit aucun plan défini. C’est un recueil de chants qu’unit seulement leur sujet commun qui est l’amour. Les cinq ‘poèmes’ entre lesquels la traduction est divisée ne font que suggérer des groupements possibles d’unités plus courtes, et il ne faut chercher, de l’un à l’autre, aucune progression de la pensée ou de l’action. Les recueils de chants égyptiens qui nous sont parvenus ont la même disposition. Ce sont des répertoires (…) Ils n’étaient pas destinés à être chantés ou récités tous à la suite» (p. 946).

Genre et provenance

Pour R. de Vaux, le Cantique est «un recueil de chants qui célèbrent l’amour mutuel et fidèle que scelle le mariage (…) dont «les meilleurs parallèles se trouvent dans les chants d’amour de l’Égypte ancienne» sans qu’on puisse affirmer que l’auteur s’en soit inspiré. Les arguments linguistiques plaident en faveur d’une composition postexilique vers le 5e ou 4e s. avant notre ère et «le lieu de composition est certainement la Palestine» (p. 946).

Sens initial

R. de Vaux souscrit à une inteprétation littérale du Cantique des cantique qui «proclame la légitimité et exalte la valeur de l’amour humain». Il ajoute que «le sujet n’est pas seulement profane, puisque Dieu a béni le mariage, entendu moins comme un moyen de procréation que comme l’association affectueuse et stable de l’homme et de la femme, Gn 2.» La vie sexuelle est considérée ici «avec un sain réalisme». Le Cantique «se préoccupe de la condition humaine et considère l’un de ses aspects vitaux. Il enseigne à sa manière la bonté et la dignité de l’amour qui rapproche l’homme et la femme». L’origine du Cantique serait à chercher dans les fêtes qui accompagnaient la célébration du mariage (cf. Jr 7,24; 16,9; Ps 45). Cela s’apparenterait aux cérémonies et aux «chants de noces des Arabes de Syrie et de Palestine» (p. 946).

Réception chrétienne

En conclusion R. de Vaux signale rapidement qu’«au-delà de ce sens littéral», il est «légitime d’appliquer le Cantique aux relations du Christ avec son Église (…) ou l’union des âmes avec le Dieu d’amour», comme l’ont fait les mystiques (p. 946).

3. Une lecture messianique (1998)

Introduction, traduction et notes

La situation change encore avec la «nouvelle édition revue et corrigée» de la BJ publiée en 1998. La révision du Cantique porte la marque de R. Tournay. Dans son livre Quand Dieu parle aux hommes le langage de l’amour. Études sur le Cantique des Cantiques (1995), R. Tournay proposait sa propre traduction et son propre découpage du texte, de même qu’une interprétation «messianique» de l’ensemble de l’œuvre, en rapport avec la figure de Salomon. Cette interprétation est reprise sonmmairement dans l’introduction au Cantique de la BJ 1998. La traduction demeure pour l’essentiel celle de la première édition (BJ 1951), mais les divisions sont celles de R. Tournay, qui retouche aussi les notes dans le sens de l’interprétation avancée dans son livre.

Contenu et structure

L’introduction au Cantique de la BJ 1998 commence de la même façon que celles de 1955 et 1973: elle présente comme un texte qui «célèbre l’amour mutuel d’un Bien-Aimé et d’une Bien-Aimée qui se joignent et se perdent, se cherchent et se trouvent» (p. 1113). R. Tournay y discerne «une dizaine de poèmes» (1,5 – 2,7; 2,8-17; 3,1-5; 3,6-11; 4,1 – ,1; 5,2-8; 5,9 – 6,3; 6,4-10; 6,11 – 7,11; 7,12 – 8,4), «encadrés par un prologue (1,1-4) et un épilogue (8,5-7), suivi d’additions». Il note également qu’une grande inclusion enveloppe l’ensemble (2,6-7 et 8,3-4). Ces divisions sont justifiées dans son livre (Tournay 1995, p. 19-26).

Genre et provenance

Tournay mentionne que «beaucoup d’exégètes» considèrent le Cantique comme «un recueil de chants célébrant l’amour mutuel et fidèle qui scelle le mariage» (BJ 1998, p. 1114), et estiment qu’il serait une «sorte de répertoire de circonstances pour la célébration des mariages (cf. Jr 7,24; 16,9; Ps 45)». Mais l’auteur de ce livret, écrivant en Palestine à l’époque du second Temple, aurait eu recours à ce genre littéraire pour composer une allégorie messianique (p. 1114-1115).

Sens initial

Selon R. Tournay, la focalisation sur l’Égypte et sur la figure de Salomon suggèrent l’intention de l’auteur dès le début du livre: «La cavale attelée aux chars de Pharaon (1,9), le teint basané de la jeune femme (1,3), qui s’applique à elle-même le nom de ‘lotus’ (2,1), mot hébreu [shoshan] dérivé de l’égyptien sshshn. Étant donnée la paranomase ‘Salomon / Sulamite’ (7,1), on est alors amené à évoquer le mariage de Salomon et de la fille du Pharaon (1 R 3,1; 7.8; 9,16.24; 2 Ch 8,11). Cet épisode serait donc à la base du livret du Cantique (…).» Tournay estime que ces détails et d’autres servent à «attirer l’attention des auditeurs (…) sur la personnalité du fils de David, type du Messie pacifique tant attendu par Israël à l’époque du second Temple». Un peu plus loin, R. Tournay explique: «Le poète mettrait donc en scène le nouveau Salomon, roi d’Israël et figure messianique, avec sa fiancée d’origine païenne, dans la Sion future des temps nouveaux. Ses chants d’amour prendraient de la sorte une connotation universaliste et messianique» (p. 1115).

Réception chrétienne

R. Tournay signale en terminant que l’interprétation qu’il propose permettrait assez facilement de comprendre la réception chrétienne du Cantique et de l’appliquer «aux relations du Christ Jésus avec son Église ou en particulier avec chacun des croyants», comme l’on fait les mystiques chrétiens (p. 1115).

L’introduction et les notes de R. Tournay suggèrent un retour à la lecture allégorique de Robert (BJ 1955). Mais elle est mieux ancrée dans le substrat littéral, anthropologique mis en évidence dans la BJ de 1973 et elle intègre maintenant le personnage de Salomon comme figure du messie pacifique destiné à Sion. Le Cantique serait à interpréter selon un «double entendre» (Tournay 1995, p. 55). Pour R. Tournay, le texte hébreu du Cantique «se prête à une lecture ambivalente, objectivement fondée», parce qu’il joue sur un «double registre»: «L’amour humain, entre homme et femme, s’y trouve exprimé selon la réalité la plus charnelle (…) mais dans un langage qui reprend celui de l’Amour divin, le langage de l’alliance davidique et messianique, ce qui suggère un second registre» (p. 101).

Conclusion

Au fil de ces trois éditions de la BJ, on peut constater la diversité des interprétations proposées et suivre quelques-uns des débats exégétiques autour du Cantique. Et que dire des appropriations chrétiennes et mystiques de ce texte mystérieux! Pourquoi tant d’interprétations du Cantique? Ce qui les rend possible, selon Paul Ricoeur (1998), ce sont surtout les «indéterminations du texte». Le Cantique, écrit-il, traite du «lien nuptial», expression qui désigne «cet amour que l’on dit justement libre et fidèle, étant entendu que nuptial ne signifie pas matrimonial» (p. 414). Il considère comme «des marques du nuptial en tant que tel tous les traits métaphoriques investis dans l’érotique au niveau même du sens obvie [ou évident] du texte». Il note:

  • « Des traits d’indétermination concernant l’identification des personnages, des lieux, des temps et même de leurs émotions et de leurs actions »
     
  • « Des traits qui caractérisent les mouvements de l’amour et qui restent relativement indifférents à leur attribution singulière à des personnages »
     
  • « La tendance de tout le jeu métaphorique déployé par le poème à s’affranchir de sa fonction proprement référentielle, c.à.d. sexuelle »

« Tous ces traits pris ensemble constituent les marques du nuptial dans l’érotique et, par implication, rendent possible et plausible un désinvestissement du premier hors de l’érotique et des réinvestissements nouveaux dans d’autres régions de la relation amoureuse» (p. 415).

Une nouvelle édition de la BJ est en cours. Le projet «La Bible en ses traditions», a été présenté dans un volume de démonstration (BJ 2010; https://bibletraditions.org/). On trouve dans ce volume une introduction au Cantique, une traduction annotée du chapitre 1 et une hypothèse de lecture, préparées par Jean-Marie Auwers et Jean-Emmanuel de Ena (BJ 2010, p. 111-127). En distinguant entre un sens textuel et un sens directionnel, cette hypothèse va dans le sens d’une lecture anthropologique, sans négliger les autres possibilités du texte: «(…) le Cantique se présente au point de vue du sens littéral (textuel) comme une suite de poèmes qui forment un dialogue d’amour d’une grande beauté lyrique (...) L’attribution du Cantique au roi Salomon, le sage vaincu par les femmes (1 R 11,1-7), invite à relire ce poème à la lumière de l’ensemble de la littérature sapientielle, dans le sens (directionnel) d’une réflexion morale sur les grands évènements humains: la vie, l’amour, la mort. La contextualisation ultérieure de ce texte dans l’ensemble des écrits de l’Ancien Testament et le rapprochement des métaphores nuptiales avec celles que nous présentent les Prophètes (Osée ou Ézéchiel) permettent de lire allégoriquement ce poème d’amour. C’est dans cette même dynamique qu’une interprétation de Cantique à la lumière du Nouveau Testament applique ces mêmes images à l’Époux-Christ et à l’Épouse-Église ou encore au Christ et à l’âme individuelle.»

RÉFÉRENCES

BJ 1951. École biblique et archéologique française. La Sainte Bible traduite en français, vol. 19, «Le Cantique des Cantiques» traduit par A. Robert. 2e éd. 1958.

—. 1955. École biblique et archéologique française. La Sainte Bible. Paris: Cerf.

—. 1973. École biblique et archéologique française. La Bible de Jérusalem. Nouvelle édition revue et augmentée. Paris: Cerf.

—. 1998. École biblique et archéologique française. La Bible de Jérusalem. Nouvelle édition revue et corrigée. Paris: Cerf.

—. 2010. École biblique et archéologique, française. La Bible en ses traditions. Définitions suivies de Douze études. Jérusalem: École Biblique et archéologique Française.

EBAF 2018. École biblique et archéologique française. "La Bible de Jérusalem." http://www.ebaf.edu/qui-sommes-nous/la-bible-de-jerusalem/.

Ricoeur, Paul. 1998. «La métaphore nuptiale.» Pp. 411-456 dans Penser la Bible, sous la dir. de P. Ricoeur et A. Lacocque. Paris: Seuil.

Robert, André, Raymond Tournay et André Feuillet. 1963. Le Cantique des cantiques. Paris: Gabalda.

Tournay, Raymond J. 1995 (1982). Quand Dieu parle aux hommes le langage de l'amour: études sur le Cantique des cantiques. Paris: Gabalda.

[1] Résumé d’une intervention au groupe de dialogue judéo-chrétien du Temple Emanu-El-Beth Sholom, 24 octobre 2018, au cours d’une conférene à deux voix.

[2] Voir l’historique de la Bible de Jérusalem sur le site de l’École Biblique: http://www.ebaf.edu/qui-sommes-nous/la-bible-de-jerusalem/ (consulté 2018-10-23).

[3] J’utilise la 2e édition (1958) à laquelle renvoient les numéros de page sans autre précision dans cette section.

[4] Dans la BJ 1958, il y a un écart entre le texte des p. 22-23 et le tableau analytique des p. 26-27. C’est ce dernier qui a été suivi dans la BJ 1955 et ici.

Remarques de l’éditeur

Diplômé de l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem, Jean Duhaime est professeur émérite de l’Université de Montréal où il a enseigné l’interprétation biblique de 1976 à 2013. Il est rédacteur de la section française de Relations judéo-chrétiennes.