Les relations entre Juifs et Chrétiens et le Moyen-Orient

Le Rabbin David Rosen, Directeur international du secteur des affaires interreligieuses de l'American Jewish Committee (AJC), a participé, à titre d'invité spécial, au Synode pour le Moyen-Orient tenu à Rome du 10 au 24 octobre 2010. Au cours de la séance d'interventions libres de l’assemblée générale du 13 octobre, il a présenté son point de vue sur l'état actuel des relations entre Juifs et Chrétiens dans le contexte de la situation au Moyen-Orient.*

Votre Sainteté, Éminences, Excellences, Révérends, Mesdames et Messieurs, permettez-moi de vous saluer fraternellement avec la bénédiction de la paix – shalom aleichem, asalaamu aleikum, pax vobis.

Je suis très honoré par l'invitation que Sa Sainteté le Pape Benoît XVI m'a faite de m'adresser à ce Synode que j'ai en haute estime.

Une transformation historique

Aujourd'hui, la transformation des rapports entre l'Église catholique et le peuple juif est une bénédiction de notre époque, qui n’a sans doute pas d'égal dans l'histoire. Dans son discours à la Grande synagogue, ici à Rome, en janvier dernier, S.S. le Pape Benoît XVI a parlé de l'enseignement du Concile Œcuménique Vatican II comme d' "un point de référence, marquant une étape nouvelle et décisive, vers lequel nous nous tournons constamment pour définir notre attitude et nos relations avec le peuple juif ".

Naturellement, cette transformation frappante dans la façon dont le peuple juif est vu et présenté a été et est encore confrontée à l'influence de siècles, voire de millénaires d'"enseignement du mépris" à l'égard des Juifs et du Judaïsme, ce qui ne s'élimine évidemment pas du jour au lendemain, ni même en quarante-cinq ans. C'est pourquoi  les effets de cette transformation sur les relations catholiques-juives varient considérablement d'un contexte à l'autre.

L'intériorisation la plus évidente a sans doute eu lieu aux États-Unis d'Amérique où Juifs et Chrétiens vivent dans une société ouverte, côte à côte comme des minorités vibrantes, sûres d'elles-mêmes et engagées dans l'action civique. Par conséquent, leurs relations ont progressé de manière exceptionnelle, impliquant la coopération et les échanges entre les communautés et leurs institutions éducatives; et, aujourd'hui, les États-Unis se vantent d'avoir littéralement des dizaines d'institutions académiques dans le domaine des relations entre Catholiques et Juifs, alors que dans le reste du monde il n'y en a peut-être que trois. Au sein des communautés juives des États-Unis, l'Église catholique est effectivement largement perçue comme une amie authentique ayant des valeurs profondes et des intérêts communs.

C'est pour moi un privilège d'être à la tête de la représentation internationale interconfessionnelle de l'American Jewish Committee, qui a été et qui continue d'être la plus importante organisation juive dans cette transformation historique remarquable.

Chrétiens et Juifs dans la société israélienne

Il existe toutefois de nombreux pays où les facteurs sociaux et démographiques mentionnés à l'instant ne sont pas présents. Dans la plupart des pays où le Catholicisme est la force sociale dominante, les communautés juives sont peu nombreuses, quand elles sont présentes, et on accorde peu d'attention aux relations entre l'Église et le Judaïsme. J'avoue avoir été surpris de découvrir que le clergé catholique et parfois même la hiérarchie de certains pays ignorent tout non seulement du Judaïsme contemporain, mais aussi de la déclaration Nostra Aetate elle-même et des enseignements subséquents du Magistère concernant les Juifs et le Judaïsme.

Comme je l'ai indiqué, l'expérience juive aux États-Unis a fait beaucoup pour atténuer les impressions négatives du passé tragique; il y a cependant encore une grande ignorance à propos du Christianisme dans le monde juif, surtout là où il y a peu ou pas de contacts avec les Chrétiens modernes.

Dans le seul espace politique du monde où les Juifs représentent une majorité, l'État d'Israël, ce problème est aggravé par le contexte politique et sociologique. Au Moyen-Orient, comme dans la plupart des régions du monde, les communautés ont tendance à vivre dans leurs milieux linguistique, culturel et confessionnel, et Israël ne fait pas exception. De plus les Chrétiens arabes en Israël représentent une minorité au sein d'une minorité: environ 120 000 sur une population arabe d'environ un million et demi d'habitants, presque exclusivement musulmane et constituant près de vingt pour cent de l'ensemble des citoyens israéliens.

Il est vrai que les Israéliens arabes chrétiens représentent une minorité religieuse particulièrement prospère sous différents aspects. Leurs niveaux socio-économique et éducatif sont bien au-dessus de la moyenne; leurs écoles reçoivent les meilleures notes lors des examens annuels d'immatriculation;  beaucoup d'entre eux ont joué un rôle de premier plan dans la politique et ont vraiment su tirer profit du système démocratique dont ils font partie intégrante.

Cependant, pour la très grande majorité des Arabes et des Juifs, la vie au quotidien se déroule dans leurs contextes respectifs. Il s'ensuit que la plupart des Israéliens juifs ne rencontrent pas les Chrétiens contemporains; et même quand ils voyagent à l'étranger, ils ont tendance à rencontrer les non-Juifs en tant que tels, et non pas en tant que Chrétiens modernes. C'est pourquoi, jusqu'à tout récemment, une grande partie de la société israélienne ignorait les profonds changements survenus dans les relations entre Catholiques et Juifs. Cependant la situation a commencé à se modifier considérablement au cours de la dernière décennie pour diverses raisons, dont deux en particulier méritent d'être mentionnées.

Vers une meilleure connaissance du christianisme contemporain

La première est l'impact de la visite du défunt Pape Jean-Paul II en l'an 2000, à la suite de l'établissement des relations bilatérales complètes entre Israël et le Saint-Siège six ans plus tôt. Si ce dernier fait avait déjà modifié les perceptions en Israël, ce fut le pouvoir des images visuelles, dont Jean-Paul II comprenait si bien la signification, qui révéla clairement à la majorité de la société israélienne la transformation qui s'était produite dans les attitudes et les enseignements chrétiens à l'égard du peuple juif, avec qui le Pape lui-même avait maintenu et renforcé l'amitié et le respect mutuels. Pour les Israéliens, voir le Pape devant le Mur occidental, vestige du Second Temple, se tenant là en signe de respect pour la tradition juive et y plaçant le texte qu'il avait composé pour une liturgie du pardon, qu'il avait tenu deux semaines plus tôt ici à Saint-Pierre et où il demandait le pardon divin pour les péchés commis contre les Juifs au cours des siècles, a eu des effets étonnants et bouleversants.

La communauté juive israélienne a encore un long chemin à faire pour surmonter le passé, où les relations furent négatives, mais il n'y a pas de doute que les attitudes ont changé depuis cette visite historique. Elle a aussi ouvert cette voie remarquable de dialogue, de compréhension et de collaboration que constitue la commission bilatérale du Grand Rabbinat d'Israël et de la Commission du Saint-Siège pour les relations religieuses avec la communauté juive, constituée à l'initiative de Jean-Paul II et dont le Pape Benoît XVI a fait l'éloge au cours de son pèlerinage en Terre Sainte l'année dernière, de même que dans son discours à la Grande synagogue, ici à Rome, plus tôt cette année.

L'autre facteur important, c'est l'afflux d'autres Chrétiens qui ont doublé la composition démographique du christianisme en Israël. Je fais référence tout d'abord aux quelques cinquante mille Chrétiens pratiquants qui, au cours des deux dernières décennies, ont fait partie intégrante de l'immigration vers Israël à partir de l'ancienne Union soviétique. Étant en même temps liés à la société juive par des liens familiaux et culturels, on peut affirmer qu'ils représentent la première minorité chrétienne se considérant comme partie intégrante de la majorité juive depuis la toute première communauté chrétienne.

Ces Chrétiens, comme les communautés arabo-chrétiennes, sont des citoyens israéliens qui jouissent pleinement du droit de citoyenneté et d'égalité devant la loi. Il existe cependant une troisième population chrétienne en Israël: il s'agit de plusieurs milliers de chrétiens pratiquants parmi le quart de million de travailleurs immigrés, venant des Philippines, d'Europe de l'Est, d'Amérique latine et d'Afrique sub-saharienne. La plupart d'entre eux résident dans le pays de manière légale et temporaire, mais près de la moitié sont entrés ou résident illégalement. Néanmoins, la présence substantielle de Chrétiens parmi cette population y maintient une vie religieuse vibrante et constitue une troisième dimension importante pour la réalité chrétienne en Israël aujourd'hui.

Ces facteurs ont contribué, parmi d'autres, à faire connaître de plus en plus en Israël le christianisme contemporain.

De plus, alors qu'il existe environ deux cents organisations israéliennes visant à promouvoir la compréhension et la coopération entre Arabes et Juifs en général, il existe aussi littéralement des dizaines d'organismes visant à promouvoir la rencontre  interreligieuse, le dialogue et les études; les Chrétiens y participent en grand nombre et y jouent un rôle très significatif. Cela est dû, évidemment, essentiellement à la présence d'institutions chrétiennes et de leur clergé, de spécialistes, de représentants internationaux des Églises et d'autres personnes qui contribuent à ces efforts de manière disproportionnée par rapport à leur nombre, notamment dans le domaine du savoir.

En outre, le fait que, dans l'État d'Israël, les Chrétiens, comme les Musulmans, représentent une minorité ayant besoin d'être acceptée et comprise par la majorité juive contribue également à susciter un élan vers un engagement interconfessionnel (par opposition à ce qui se passe ailleurs, où c'est souvent le contraire).

La situation pénible des communautés chrétiennes en Terre Sainte

Les Chrétiens en Israël sont évidemment dans une situation très différente par rapport à leurs communautés sœurs en Terre Sainte qui font partie intégrante d'une société palestinienne luttant pour son indépendance et qui sont inévitablement prises tous les jours dans le conflit israélo-palestinien. En effet, la localisation de certaines de ces communautés à l'intersection des juridictions israélienne et palestinienne [delete the coma] signifie qu'elles sont souvent les plus touchées par les mesures de sécurité que l'État juif a été obligé de prendre pour protéger ses propres citoyens contre la violence continue venant des territoires palestiniens, particulièrement après le carnage qui s'est produit dans les villes israéliennes durant la deuxième intifada.

Il est tout à fait naturel que ces Chrétiens palestiniens expriment leur détresse et leurs espoirs vis-à-vis de cette situation. Mais il est regrettable que ces expressions n'aient pas toujours été en accord avec la lettre et l'esprit du Magistère concernant les relations avec les Juifs et le Judaïsme. C'est ce qui semble se refléter dans un contexte géographique plus vaste où l'impact du conflit arabo-israélien a beaucoup trop souvent suscité chez de nombreux Arabes chrétiens un sentiment de gêne devant la redécouverte par l'Église de ses racines juives, ce qui, dans certains cas, les a conduits à reprendre à leur compte les préjugés historiques.

Néanmoins la détresse des Palestiniens en général, et des Chrétiens palestiniens en particulier, devrait constituer une préoccupation profonde pour les Juifs, tant en Israël que dans la Diaspora.

D'abord, le Judaïsme a apporté au monde la reconnaissance du fait que toute personne humaine a été créée à l'image de Dieu et que, par conséquent, comme les sages du Talmud l'enseignent, tout manque de respect à l'égard d'autrui est un acte de non respect envers le Créateur lui-même; nous avons sur ce plan une responsabilité spéciale à l'égard de nos voisins immédiats.

Cette responsabilité est encore plus grande quand la souffrance provient d'un conflit dont nous sommes une des parties et, paradoxalement, précisément là où nous avons le devoir moral et religieux de nous protéger et de nous défendre.

Pour moi, personnellement, en tant qu'Israélien de Jérusalem, la souffrance de tant de personnes des différents côtés du fossé politique dans notre terre est une source de grande douleur, même si je réalise pleinement qu'on en a usé et abusé pour accentuer diverses tensions qui débordent largement le contexte géographique du conflit lui-même.

Pourtant, je remercie Dieu pour le nombre remarquable d'organisations qui, dans notre société, œuvrent pour soulager le plus de souffrances possibles dans ce très difficile contexte. Je suis fier d'être l'un des fondateurs d'une de ces organisations, Rabbins pour les Droits de l'Homme, dont le directeur et les membres, précisément en tant que loyaux citoyens israéliens, continuent de lutter pour préserver et promouvoir la dignité humaine de tous, et spécialement des plus vulnérables.

Les menaces continuelles de ceux qui luttent ouvertement pour détruire et exterminer Israël exigent certes qu'on prenne tous les moyens nécessaires pour protéger notre société; nous devons néanmoins nous efforcer de faire tout ce que nous pouvons pour alléger les conditions pénibles qui découlent de cette situation, notamment en ce qui concerne les communautés chrétiennes à Jérusalem et dans les environs.

En fait, au cours des derniers mois, les conditions se sont nettement améliorées, par exemple, en ce qui a trait à la liberté de mouvement du clergé, et l'on a pu constater récemment une compréhension croissante des besoins des communautés chrétiennes locales de la part des autorités, en dépit des défis liés à la sécurité. Nous continuons à faire pression en ce sens, car nous croyons qu'en définitive c'est dans l'intérêt de tous.

L'idée que nous, Juifs, avons la responsabilité de nous assurer que les communautés chrétiennes s'épanouissent parmi nous, en respectant cette réalité que la Terre Sainte est la terre de la naissance et des lieux saints du Christianisme, est effectivement renforcée par la redécouverte que nous faisons de plus en plus de notre fraternité.

Pourtant, en dehors de notre relation particulière, les Chrétiens, en tant que minorité tant en contexte juif que musulman, jouent un rôle spécial dans nos sociétés en général. La situation des minorités est toujours un reflet profond de la condition sociale et morale d'une société dans son ensemble. Le bien-être des communautés chrétiennes au Moyen-Orient n'est rien de moins qu'une sorte de baromètre de la condition morale de nos pays. Le niveau des droits civils et religieux dont jouissent les Chrétiens témoigne de la bonne santé ou de l'infirmité des diverses sociétés du Moyen-Orient.

Les Chrétiens et la coopération interreligieuse

De plus, comme je l'ai déjà indiqué, les Chrétiens jouent un rôle disproportionné dans la promotion de la compréhension et de la coopération interreligieuses dans le pays. En effet, je me permettrais de suggérer que le "métier" du Chrétien est précisément de contribuer à surmonter les préjugés et l'incompréhension qui sèment la pagaille en Terre Sainte et qui, naturellement, sont fortement renforcés dans la région en général. Bien qu'il ne soit pas juste de s'attendre à ce que les petites communautés chrétiennes locales soient en mesure de porter seules une telle responsabilité, nous pouvons peut-être espérer que, soutenues en ce sens par leur Église universelle et son autorité centrale, elles puissent devenir effectivement des agents bénis de la construction de la paix dans la ville dont le nom veut dire "paix" et qui a une telle signification pour nos communautés respectives.

Déjà un premier signe en ce sens s'est manifesté dans le rôle de leadership joué par  l'Église catholique locale dans de la création, au cours de ces dernières années, du Conseil des institutions religieuses de Terre Sainte, qui regroupe le Grand rabbinat d'Israël, le Ministère des affaires et cours religieuses de l'Autorité palestinienne, ainsi que les Patriarcats et Épiscopats de Terre Sainte. Non seulement ce Conseil facilite la communication entre les diverses autorités religieuses, mais il est aussi engagé à œuvrer pour combattre les malentendus, l'intolérance et la provocation, et il cherche également à être une force pour la réconciliation et la paix, de sorte que deux nations et trois religions puissent vivre sur la même terre en toute dignité, liberté et tranquillité.

Le Document de travail de l'Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient cite le Pape Benoît XVI dans l'entrevue qu'il a accordée à l'Osservatore Romano lorsqu'il était en route pour la Terre Sainte : "Il est important d'avoir, d'une part, un dialogue bilatéral - avec les Juifs et avec les Musulmans et, d'autre part, également un dialogue trilatéral" (par. 96). En effet, l'année dernière, et pour la première fois, le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et la Commission pontificale pour les relations religieuses avec le Judaïsme, ont été les hôtes, conjointement avec le Comité juif international de consultations interreligieuses (CJICI) et la Fondation des trois cultures à Séville, en Espagne, de notre premier dialogue trilatéral.

J'ai éprouvé une joie toute particulière du fait qu'il avait été proposé durant ma présidence du CJICI, et j'espère ardemment qu'il ne s'agit que du début d'un dialogue trilatéral beaucoup plus étendu, pour surmonter la méfiance, les préjugés et les incompréhensions, afin que nous puissions mettre en lumière, pour le bien-être de toute l'humanité, les valeurs partagées dans la famille d'Abraham.

Il me semble que la commission bilatérale que j'ai évoquée plus haut et qui se compose de représentants du Grand Rabbinat d'Israël et du Conseil des institutions religieuses de Terre Sainte, offre une opportunité et un défi encore plus grands à cet égard.

Les relations avec l'Islam

Le Document de travail fournit aussi des observations importantes sur la nature des relations des Chrétiens aussi bien avec les Musulmans qu'avec les Juifs. Il reprend les paroles du Pape Benoit XVI à Cologne, en août 2005, quand il décrivait les relations avec l'Islam comme "une nécessité vitale... dont dépend en grande partie notre avenir" (par. 95). En effet, au Moyen-Orient, ceci est une évidence. Que l'on comprenne le concept de dar el Islam dans un contexte géographico-culturel seulement ou dans un contexte théologique, la question essentielle pour l'avenir de nos communautés respectives est de savoir si, oui ou non, nos frères musulmans peuvent considérer la présence des Chrétiens et des Juifs comme faisant pleinement partie, légitimement et intégralement, de la région dans son ensemble. Le besoin d'aborder cette question n'est vraiment rien de moins qu' "une nécessité vitale... dont dépend... notre avenir".

En fait, on touche ici au point qui est à la "racine" du conflit israélo-arabe. Ceux qui prétendent que l' "occupation" est "la cause originelle" du conflit sont pour le moins malhonnêtes. Ce conflit s'est poursuivi pendant des décennies bien avant la Guerre des six jours en 1967 qui a abouti à la prise de contrôle de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par les Israéliens. "L'occupation", en fait, est une conséquence du conflit, précisément, dont la "cause originelle" est précisément la question de savoir si le monde arabe, et plus particulièrement le monde musulman peut ou non tolérer une entité politique souveraine non-arabe en son sein.

L'Église en dialogue avec ses frères ainés

Cependant, le Document de travail, commentant la déclaration Dei Verbum, décrit le dialogue de l'Église "avec ses frères aînés" non seulement comme une nécessité, mais comme "essentielle" (par. 87). En effet, lors de sa visite à la Grande synagogue dans cette ville, cette année, le Pape Benoît XVI citait le Catéchisme de l'Église catholique (art. 839):

"C'est en méditant sur son propre mystère que l'Église, le Peuple de Dieu de la Nouvelle Alliance, découvre son lien profond avec les Juifs, qui ont été choisis par le Seigneur avant tous les autres pour recevoir Sa parole", et il ajoutait que "la foi juive, à la différence d'autres religions non-chrétiennes, est déjà une réponse à la révélation de Dieu".

Ces paroles font écho à celles du défunt Pape Jean-Paul II qui, au cours de sa visite historique à ce même lieu central du culte juif dans cette ville, en 1986, déclarait que "la religion juive ne nous est pas extrinsèque mais elle est, dans un certain sens, intrinsèque à notre propre religion. Nous avons donc, avec le Judaïsme, une relation que nous n'avons avec aucune autre religion".

En outre, dans son Exhortation Apostolique du 28 juin 2003, il décrivait "le dialogue et la coopération avec les croyants de la religion juive" comme étant "fondamentalement importants pour la connaissance de soi des Chrétiens" en conformité avec l'appel du Synode "pour la connaissance des racines communes qui lient le Christianisme et le peuple juif, appelé par Dieu à une alliance qui reste irrévocable".

La paix et la dignité pour tous

Comme je l'ai fait remarquer, je suis pleinement conscient que les réalités politiques du Moyen-Orient ne facilitent pas toujours chez les Chrétiens de cette région la connaissance de ces exhortations, et encore moins leur acceptation. Toutefois, je prie pour que le miracle auquel se référait Jean-Paul II comme "la floraison d'un nouveau printemps dans nos relations mutuelles" devienne de plus en plus évident au Moyen-Orient comme partout dans le monde. Engageons-nous donc dans ce but avec encore plus de dévouement, à la fois par la prière et par un travail en faveur de la paix et de la dignité pour tous. Prions avec les paroles du Pape Jean-Paul II au Mur occidental de Jérusalem, celles avec lesquelles le Pape Benoît XVI concluait sa présentation à la Grande synagogue de Rome:

"Envoie ta paix sur la Terre Sainte, sur le Moyen-Orient, sur la famille humaine toute entière; éveille les cœurs de tous ceux qui invoquent ton nom, pour qu'ils marchent humblement sur le chemin de la justice et de la compassion".

Et permettez-moi, comme quelqu'un qui vient à vous de la ville qui est sainte et aimée de nous tous, de conclure avec les mots du Psalmiste: "Que le Seigneur te bénisse de Sion! Puisses-tu voir Jérusalem dans le bonheur tous les jours de ta vie" (Psaume 128,5).

Remarques de l’éditeur

* Source: http://www.rabbidavidrosen.net/Articles/Christian-Jewish%20Relations/The_Jewish-Christian_relationship_and_the_Middle_East_October_2010.pdf

Les sous-titres sont de la rédaction de Relations judéo-chrétiennes.

On trouve également une note biographique sur le site du Rabbin Rosen:

http://www.rabbidavidrosen.net/bio.htm