Job face à son Dieu. Une lecture chrétienne

Lorsqu’on observe l’attitude de Job envers Dieu on peut voir se dessiner un changement majeur. Job est un homme «intègre et droit, craignant Dieu et s’écartant du mal» (1,1.8; 2,3). Mais c’est aussi un homme inquiet qui agit par peur du «châtiment de Dieu» (31,23). Devant les malheurs qui lui arrivent, il en vient à considérer Dieu comme un ennemi qui le harcèle sans raison. Lorsque Dieu se manifeste enfin, la contemplation admirative de Job l’amène à entrer dans une autre forme de relation à Dieu et à son prochain.

On nous a proposé de traiter de l’interprétation juive et chrétienne de «l’attitude de Job face à Dieu et face aux hommes». Comme il est difficile d’étudier les deux simultanément, je me concentrerai sur la première. Il me semble aussi qu’il faut parler non pas d’une mais de plusieurs attitudes de Job face à Dieu, puisqu’il y a des transformations dans la manière dont Job se situe par rapport à Dieu au fil du récit et des discussions.

Je préciserai donc d’abord le concept d’ «attitude» et je rappellerai brièvement le contenu et le plan du livre de Job. L’essentiel de mon exposé sera une exploration des diverses sections du livre de Job sous sa forme actuelle, pour y repérer les principales attitudes du héros face à Dieu et leurs transformations les plus notables. J’évoquerai en terminant ce que ces attitudes et leurs transformations suggèrent aux chrétiens d’aujourd’hui.

La notion d’attitude et ses dimensions

La notion d’attitude est une notion clé de la psychologie sociale[1]. On l’emploie pour désigner une «réaction affective positive ou négative» ou encore une «orientation normative» relativement stable à l’égard d’un objet (concret ou abstrait) ou d’un comportement. Selon un modèle très répandu, les attitudes d’un individu seraient fondées sur trois composantes: 1) cognitive (ses perceptions, idées ou croyances par rapport à l’objet), 2) affective (les émotions ou sentiments qu’il associe à l’objet), 3) comportementale (la manière dont il a déjà agi ou pense le faire avec l’objet).

Le fait que les attitudes sont basées sur plusieurs éléments peut susciter des tensions et générer des attitudes ambiguës ou complexes. Selon la théorie qu’on privilégie, on considère que les attitudes changent en réponse à des facteurs comme 1) un stimulus intense (publicité),  2) la pression sociale (conformisme), 3) une «dissonance» (opinion ou croyance démentie par la réalité) ou 4) un nouveau besoin ou une nouvelle opportunité. Enfin une attitude ne s’observe pas directement: elle est le «fondement inféré, construit après coup, à partir de la suite des jugements et opinions recueillis auprès des individus» (Crozier et Friedberg 1977, p. 462). Le choix ou l’élaboration d’instruments de mesure adéquats est donc une étape cruciale de la démarche des chercheurs qui s’intéressent aux attitudes pour diverses raisons: en déterminer l’origine, tracer le portrait type d’un individu ou d’un groupe, prédire des comportements ou chercher à les influencer.

Le livre de Job

Dans son état actuel, le livre de Job raconte l’histoire d’un homme intègre qui «craint» Dieu (1,1) et qui est mis à l’épreuve pour vérifier si son attitude est vraiment désintéressée (1,9). Apprenant les malheurs de Job, trois amis, Élifaz, Bildad, et Çofar, viennent le consoler; un dialogue s’engage, au cours duquel chacun offre son explication des souffrances de Job et lui suggère une manière de s’en sortir. Vient ensuite un quatrième personnage, Élihou, qui propose sa propre interprétation. Enfin, Dieu lui-même se manifeste et amène Job à situer son malheur sur l’horizon plus large de l’action divine dans la nature. L’histoire se termine par la réhabilitation de Job.

Le livre peut être divisé en cinq parties:

1) Une introduction (1,1–2,13) qui comporte une présentation de Job, deux tableaux parallèles dans lesquels un échange entre Dieu et «l’Adversaire» (ou «le satan») est suivi d’une mise à l’épreuve de Job et de sa réaction; l’introduction se termine par l’arrivée de trois amis de Job, Élifaz, Bildad et Çofar.

2) Les dialogues entre Job et ses trois amis (3,1–31,40). Cette partie est encadrée par deux monologues de Job (ch. 3 et 29–31), entre lesquels on trouve trois cycles de discussions où Élifaz, Bildad et Çofar présentent tour à tour un argumentaire auquel Job répond  (4–14; 15–21; 22–28).

3) La «harangue» d’Élihou (32–37), un israélite qui apparaît sans prévenir et qui tient quatre discours sans réplique à Job (32,6–33,33; 34; 35; 36–37).

4) Des dialogues entre Dieu et Job (38,1 - 42,6), composés de deux interventions de Dieu suivies chacune d’une brève réponse de Job.

5) Une conclusion (42,7-17) dans laquelle Dieu porte un jugement sur les propos de Job et de ses amis et «rétablit les affaires de Job» qui meurt «vieux et rassasié de jours».

Plusieurs chercheurs chrétiens considèrent que le livre a connu une histoire littéraire complexe qu’on reconstitue de diverses manières. Mais les commentateurs récents tendent à présenter une lecture de l’édition actuelle (ou «finale») et cherchent à mettre en évidence sa signification globale plutôt que celle de ses strates rédactionnelles présumées. Le texte hébreu n’est pas toujours bien conservé et il est parfois difficile à saisir. Dans cet exposé où je représente la voix chrétienne, je m’en tiens surtout à la traduction et aux explications proposées par la Traduction Œcuménique de la Bible (TOB 2010) et occasionnellement à celles de la Bible de Jérusalem (BJ 1998) et de quelques commentaires ou articles récents, principalement par des  auteurs chrétiens[2].

Exploration des attitudes de Job envers Dieu

À partir de ces données, nous pouvons clarifier un peu plus l’objectif de la recherche. Il s’agit, dans chacune des parties du livre, de recueillir, principalement auprès du narrateur, de Job lui-même ou d’autres acteurs qui en parlent, des descriptions, des expressions de jugements ou des actions qui permettent d’inférer ses attitudes, c’est-à-dire ses «réactions positives ou négatives» à l’égard de Dieu et d’observer leurs transformations. Le matériel est très riche et il faudra se limiter, à chaque fois, aux traits les plus significatifs.

Introduction (1,1–2,13)

D’entrée de jeu, le narrateur décrit l’attitude de Job par rapport à Dieu: «Il y avait, au pays de Ouç, un homme du nom de Job. Il était, cet homme, intègre et droit, craignait Dieu et s'écartait du mal» (1,1). Job est par ailleurs un père inquiet du comportement religieux de ses enfants. Ses sept fils festoient régulièrement les uns chez les autres en invitant leur trois sœurs à se joindre à eux. Job lui-même ne participe pas à leurs fêtes, mais il se préoccupe de les «purifier» en offrant pour chacun un holocauste à la fin de chaque cycle de festins au cas où ils auraient «maudit» Dieu (1,4-5). On ne sait pas s’il agit ainsi par crainte qu’il leur arrive malheur ou par égard pour Dieu. En tout cas, il ne fait pas de lien, apparemment, entre leur conduite et la mort brutale qui les frappe (1,18).

L’appréciation de narrateur est aussi celle que Dieu fait de Job lors des deux échanges avec l’ange «adversaire» qui épie la conduite des humains (1,8; 2,3). L’Adversaire ne conteste pas l’attitude de Job, mais il prétend qu’elle n’est motivée que par son intérêt personnel:

19 Est-ce pour rien que Job craint Dieu? 10 Ne l'as-tu pas protégé d'un enclos, lui, sa maison et tout ce qu'il possède? Tu as béni ses entreprises, et ses troupeaux pullulent dans le pays. 11 Mais veuille étendre ta main et touche à tout ce qu'il possède. Je parie qu'il te maudira (litt. «bénira») en face!

L’Adversaire suppose que l’attitude de Job changera dès qu’il réalisera que sa conduite ne lui attire pas la faveur de Dieu. On connaît la suite. Avec l’autorisation de Dieu, les malheurs s’abattent d’abord sur ses troupeaux, ses serviteurs et ses enfants (1,13-19), puis sur sa propre personne (2,7-8). Mais Job reste apparemment impassible. À la première série de malheurs, il répond par des gestes de deuils et en disant: «Sorti nu du ventre de ma mère, nu j'y retournerai. Le SEIGNEUR a donné, le SEIGNEUR a ôté: Que le nom du SEIGNEUR soit béni!» (1,21)

Le narrateur confirme que Job «ne pécha pas et n’imputa rien d’indigne à Dieu» (1,22). Dieu fait aussi observer à l’Adversaire que Job «persiste dans son intégrité» (2,3). Puis, frappé par une «lèpre maligne depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête» (2,7), il s’installe hors de la ville «parmi les cendres» (2,8) et se soumet à son sort en répondant à sa femme qui l’incite à mourir en maudissant Dieu (litt. «bénis Dieu et meurs!» 2,9): «Nous acceptons le bonheur comme un don de Dieu. Et le malheur, pourquoi ne l'accepterions-nous pas aussi?» (2,10). Et le narrateur ajoute:  «En tout cela, Job ne pécha pas par ses lèvres» (2,10).

Pour certains commentateurs, ce dernier détail sous-entendrait que Job commence à vivre un trouble intérieur, même s’il ne le verbalise pas; de fait, il semble atterré et s’enferme pendant sept jours dans un mutisme que respectent ses trois amis compatissants qui sont venus de loin pour le consoler (2,11-13). On fait aussi remarquer que les paroles de Job s’apparentent davantage à des dictons ou des proverbes et qu’elles expriment peut-être la réaction un peu superficielle d’une personne qui n’a pas encore réalisé vraiment ce qui lui arrive (Vogels 1995, p. 71).  Notons cependant que, contrairement à ce que laissait entendre l’Adversaire, Job ne semble pas établir de relation de cause à effet entre sa conduite et ce qui lui arrive. Sa piété pourrait donc être effectivement désintéressée et basée sur une logique de l’action de Dieu qui n’est pas celle de la rétribution.

Dialogues entre Job et ses trois amis (3,1–31,40)

MONOLOGUE DE JOB (3)

L’Adversaire a prétendu que Job maudira Dieu s’il lui arrive malheur (1,1; 2,5). Job a résisté à sa femme et il s’est muré dans le silence. Lorsqu’il reprend enfin la parole en présence de ses trois amis, c’est effectivement pour maudire, dit le narrateur, mais pour maudire «son jour» (3,1) dans un long monologue.

Il souhaite que Dieu n’ait pas «convoqué» (litt. «été cherché») le jour de sa naissance (3,3-4). Il se demande pourquoi Dieu donne la vie aux hommes si c’est pour les faire vivre dans le malheur:

3 20 Pourquoi donne-t-il la lumière à celui qui peine, et la vie aux ulcérés? […] 23 Pourquoi ce don de la vie à l'homme dont la route se dérobe?

PREMIER CYCLE DE DISCUSSIONS (4–14)

Au cours d’un premier cycle de discussions les trois amis de Job tentent de lui expliquer les raisons des malheurs dont il est victime et lui proposent des façons de s’en sortir. Ils se fondent principalement sur la tradition des sages et sur la vision d’un Dieu qui récompense ou qui punit chacun selon son mérite et qui envoie des épreuves pour corriger ou purifier ses fidèles de leurs imperfections.

Élifaz (4–5) et Job (6–7)

Selon Élifaz, Job est mis à l’épreuve, mais il doit persévérer (4,2-5). Dieu n’a jamais fait périr un innocent (4,7); mais nul n’est «plus juste que Dieu» ou «plus pur que son auteur» (4,17). Si Dieu envoie une épreuve à Job, c’est pour le «réprimander». Élifaz invite Job à accepter cette correction, ce qui devrait lui ramener le bonheur:

 517 Vois: Heureux l'homme que Dieu réprimande! Ne dédaigne donc pas la semonce du Puissant. 18 C'est lui qui, en faisant souffrir, répare, lui dont les mains, en brisant, guérissent.

Job reconnaît que son malheur et sa souffrance viennent de Dieu (6,4). Mais il demeure convaincu qu’il n’a jamais offensé Dieu. S’il pouvait mourir maintenant, il aurait au moins cette satisfaction:

  69 Que Dieu daigne me broyer, qu'il dégage sa main et me rompe! 10 J'aurai du moins un réconfort, un sursaut de joie dans la torture implacable: je n'aurai mis en oubli aucune des sentences du Saint.

Job s’adresse ensuite directement à Dieu. Puisque l’être humain est si éphémère (7,7), pourquoi Dieu ne le laisse-t-il pas tranquille, même s’il vient à pécher?

 716 […] Laisse-moi, car mes jours s'exhalent. 17 Qu'est-ce qu'un mortel pour en faire si grand cas, pour fixer sur lui ton attention 18 au point de l'inspecter chaque matin, de le tester à tout instant? 19 Quand cesseras-tu de m'épier? Me laisseras-tu avaler ma salive? 20 Ai-je péché? Qu'est-ce que cela te fait, espion de l'homme? Pourquoi m'avoir pris pour cible? En quoi te suis-je à charge? 21 Ne peux-tu supporter ma révolte, laisser passer ma faute? Car déjà me voici gisant en poussière. Tu me chercheras à tâtons: j'aurai cessé d'être.

Bildad (8) et Job (9–10)

Le deuxième ami de Job, Bildad, maintient que Dieu est juste. Si Job est «honnête et droit», il peut avoir confiance:

 83 Dieu fausse-t-il le droit? Le Puissant fausse-t-il la justice? 4 Si tes fils ont péché contre lui, il les a livrés au pouvoir de leur crime. 5 Si toi tu recherches Dieu, si tu supplies le Puissant, 6 si tu es honnête et droit, alors, il veillera sur toi et te restaurera dans ta justice.

Job réplique qu’il ne sait pas si l’homme peut vraiment être «juste» devant Dieu. Mais cela ne changerait rien car le combat est inégal. Il a le sentiment que Dieu est en colère et qu’il s’acharne sur lui sans que personne ne s’interpose pour le calmer. Il se sent seul et démuni.

 92 Certes, je sais qu'il en est ainsi. Comment l'homme sera-t-il juste contre Dieu?  3 Si l'on veut plaider contre lui, à mille mots il ne réplique pas d'un seul. […] 33 S'il existait entre nous un arbitre pour poser sa main sur nous deux, 34 il écarterait de moi la cravache de Dieu, et sa terreur ne m'épouvanterait plus. 35 Je parlerais sans le craindre. Puisque cela n'est pas, je suis seul avec moi.

Job ressent de l’amertume. Il ne comprend pas que le Dieu qui l'a créé agisse d’une façon aussi agressive envers lui et il voudrait bien savoir pourquoi. Il souhaiterait enfin que Dieu le laisse vivre son existence éphémère en paix.

101 La vie m'écœure, je ne retiendrai plus mes plaintes; d'un cœur aigre je parlerai. 2 Je dirai à Dieu: Ne me traite pas en coupable, fais-moi connaître tes griefs contre moi. 3 Prends-tu plaisir à m'accabler, à mépriser la peine de tes mains et à favoriser les intrigues des méchants? [...] 20 Mes jours sont-ils si nombreux? Qu'il cesse, qu'il me lâche, que je m'amuse un peu, 21 avant de m'en aller sans retour au pays de ténèbre et d'ombre de mort, [...]

Çofar (11) et Job (12–14)

Pour Çofar, malgré sa prétention, Job est un fautif que Dieu corrige. Il peut retrouver la sérénité en se purifiant de ses «scories»:

115 Ah! si seulement Dieu intervenait, s'il desserrait les lèvres pour te parler, 6 […], alors tu saurais que Dieu oublie une part de tes crimes. […] 14 s'il y a des méfaits dans tes mains, jette-les au loin, et que la perversité n'habite pas sous ta tente. 15 Alors tu lèveras un front sans tache; purifié des scories, tu ne craindras plus.

Pour Job, ces propos ne sont que des tromperies (13,7). Dieu n’a aucune raison de le traiter en ennemi et il le met au défi de lui faire connaître ses fautes (13,23-24). Job recourt aussi à un autre argument. Si Dieu a créé l'homme imparfait, il ne doit pas s'attendre à la perfection de sa part. Il devrait le laisser tranquille, ou du moins le mettre à l'abri de sa colère jusqu’à ce qu’il redevienne bienveillant envers sa créature.

141 L'homme enfanté par la femme est bref de jours et gorgé de tracas. […] 3 Et c'est là-dessus que tu ouvres l'œil, et c'est moi que tu cites avec toi en procès! […] 13 Si seulement tu me cachais dans les enfers, si tu m'abritais jusqu'à ce que reflue ta colère, si tu me fixais un terme où te souvenir de moi [...] 15 Tu appellerais, et moi je te répondrais, tu pâlirais pour l'œuvre de tes mains. 16 Alors que maintenant tu dénombres mes pas, tu ne prendrais pas garde à ma faute.

Ce premier cycle s’achève sans que ni Job ni ses amis ne soient parvenus à imposer leur point de vue sur la cause de son malheur et sur la manière d’en sortir.

DEUXIÈME CYCLE DE DISCUSSIONS (ch. 15–21)

Le deuxième cycle est essentiellement centré sur le sort des méchants. Les amis de Job affirment qu’ils sont voués à la destruction et que cette menace pèse sur lui s’il continue de se révolter contre Dieu. Job conteste leur point de vue en réaffirmant son innocence.

Élifaz (15) et Job (16–17)

Élifaz adopte ici un ton plus incisif et il fait appel à la menace plutôt qu'à l'espoir de réhabilitation. Il reproche à Job son arrogance et sa prétention, semblables à celles des impies (15,4-6). Mais l'expérience montre que ceux qui s'en prennent à Dieu n'ont aucun avenir (15,20-25).

Job justifie son attitude en se disant victime d’une agression de la part de Dieu, imaginé comme un ennemi sans pitié:

167 Mais c'est que maintenant il m'a poussé à bout: Oui, tu as ravagé tout mon entourage…. […] 13 Ses flèches m'encadrent. Il transperce mes reins sans pitié et répand à terre mon fiel. 14 Il ouvre en moi brèche sur brèche, fonce sur moi, tel un guerrier.

Mais il persiste à proclamer son innocence. Puisque Dieu agit en criminel, Job demande que la terre refuse de couvrir son sang (voir Gn 4,10) et que le cri de sa prière monte jusqu’au ciel où, selon une interprétation vraisemblable, il servirait de témoin pour le défendre contre Dieu avant qu’il ne soit trop tard:

16 16 Mon visage est rougi par les pleurs et sur mes paupières est l'ombre de mort. 17 Pourtant, il n'y avait pas de violence en mes mains, et ma prière était pure. 18 Terre, ne couvre pas mon sang, et que ma clameur ne trouve point de refuge. 19 Dès maintenant, j'ai dans les cieux un témoin, je possède en haut lieu un garant. 20 Mes amis se moquent de moi, mais c'est vers Dieu que pleurent mes yeux. 21 Lui, qu'il défende l'homme contre Dieu, comme un humain intervient pour un autre.

Bildad (18) et Job (19)

Bildad attribue la réaction de Job à la colère (18,4) et il ne prête guère attention à ses propos. Il réaffirme que le méchant, celui qui ignore Dieu, est voué à la destruction (18,5-21).

Pour sa défense, Job répète à nouveau que Dieu est la cause de ses malheurs que rien ne justifie:

196 [...] sachez donc que c'est Dieu qui a violé mon droit et m'a enveloppé dans son filet. 7 Si je crie à la violence, pas de réponse, si je fais appel, pas de justice. [...] 11 Sa colère a flambé contre moi, il m'a traité en ennemi.

Il souhaite qu'un témoignage de son intégrité soit préservé et il persiste à espérer qu'un «rédempteur» va se lever pour lui et qu'alors, même si sa peau a été détruite, il pourra enfin voir Dieu et s’expliquer avec lui:

19 21 Pitié pour moi, pitié pour moi, vous mes amis, car la main de Dieu m'a touché. 22 Pourquoi me pourchassez-vous, comme Dieu? Seriez-vous insatiables de ma chair? 23 Ah! si seulement on écrivait mes paroles, si on les gravait en une inscription! 24 Avec un burin de fer et du plomb, si pour toujours dans le roc elles restaient incisées! 25 Je sais bien, moi, que mon rédempteur est vivant, que le dernier, il surgira sur la poussière. 26 Et après qu'on aura détruit cette peau qui est mienne, c'est bien dans ma chair que je contemplerai Dieu. 27 C'est moi qui le contemplerai, oui, moi! Mes yeux le verront, lui, et il ne sera pas étranger. Mon cœur en brûle au fond de moi.

Le sens de ce passage est discuté (voir Radermakers 1998, p. 144-147; Vogels 1995, p. 136-138). On peut le comprendre en relation avec la représentation du conseil divin des chap. 1 et 2: Job, qui réclame un procès contre Dieu, affirmerait sa conviction d’être défendu par un des membres de ce conseil si Dieu accepte de se montrer pour ce jugement, (voir Jb 1–2). Il s’agirait d’une figure semblable à celles de l’arbitre et du témoin que Job souhaitait  (9,33; 16,19). Pour d’autres, Job penserait que c’est Dieu lui-même qui agirait comme un rédempteur lorsqu’il aura fini de le harceler sans raison.

Une autre question est de préciser quand ce revirement de situation se produira. La destruction de la «peau» de Job pourrait faire référence à la lèpre qui l’a frappée: même si cette peau là était détruite par la maladie, Job resterait convaincu que justice lui sera faite de son vivant, dans sa «chair» mortelle (voir 2,4; 7,5; 30,30; Lv 13,2; etc.). Mais certains pensent que Job croirait survivre d’une manière ou d’une autre au-delà de sa mort imminente et injuste (voir BJ; Lerner et Duhaime 2006).

Çofar (20) et Job (21)

Parlant dans le même sens que ses deux compagnons, Çofar réaffirme lui aussi que le bonheur des méchants est de courte durée et que tôt ou tard la colère de Dieu s’abat sur eux… (20,4-29) Çofar ne s’en prend pas directement à Job, mais ses propos impliquent que la prospérité passée de Job n’était pas le fruit de la vertu mais celui de l’impiété. Il est maintenant démasqué: oui, Dieu est en colère contre lui, mais c’est pour dévoiler son crime et sa méchanceté.

C’est bien ainsi que Job perçoit le raisonnement de ses amis:

2127 Oh! je connais bien vos pensées et les idées que vous vous faites sur mon compte. 28 Car vous dites: «Où est la maison du tyran, qu'est devenue la tente où gîtaient les bandits?»

Mais pour lui ce raisonnement ne tient pas, car l’expérience montre que Dieu ne punit pas toujours les méchants et qu’au contraire, plusieurs d’entre eux prospèrent:

217 Pourquoi les scélérats vivent-ils? Vieillir, c'est pour eux accroître leur pouvoir. 8 Leur postérité s'affermit en face d'eux, en même temps qu'eux et ils ont leurs rejetons sous leurs yeux. 9 Leurs maisons en paix ignorent la peur. La férule de Dieu les épargne. […] 30 Au jour du désastre le méchant est préservé. Au jour des fureurs il est mis à l'abri.

Tout comme le précédent, ce deuxième cycle s’achève donc sur une impasse. Les amis de Job sont de plus en plus convaincus qu’ils ont affaire à un pécheur puni par Dieu et lui font voir le sort terrible qui l’attend s’il ne se corrige pas. Celui-ci continue de proclamer son innocence, de considérer Dieu comme un ennemi qui l’attaque sans raison et de réclamer que Dieu le laisse en paix ou qu’un témoin ou un rédempteur intervienne en sa faveur.

TROISIÈME CYCLE DE DISCUSSIONS (ch. 22–28)

Dans l’état actuel du texte, le troisième cycle le troisième cycle (22–28) semble «désordonné et chaotique» (Radermakers 1998, p. 33). Élifaz prononce encore un discours assez long (22). Bildad ne dit que quelques mots (25,1-6) avant que Job ne lui coupe la parole. Çofar n’intervient pas. Plusieurs réarrangent le texte pour attribuer à Bildad ou à Çofar une partie des propos de Job qui s’apparentent à la doctrine traditionnelle (24,18-25; 26,5-14; 27,13-23; voir Radermakers 1998, p. 156-157). Mais d’autres préfèrent le conserver tel quel en cherchant une explication à son désordre apparent. Selon Vogels (1995, p. 146), ce serait un signe «que le dialogue commence à se désintégrer petit à petit»; en citant la doctrine traditionnelle, Job montrerait qu’il la connaît par cœur, mais qu’elle est démentie par son expérience. C’est cette hypothèse que j’adopte ici.

Élifaz (22) et Job (23–24)

Élifaz s’indigne d'abord de l'audace de Job qui voudrait demander des comptes à Dieu (22,4). Puis il dénonce les crimes de Job qui, selon lui, ne se souciait ni de son prochain ni de Dieu et qui est puni en conséquence. Il le presse encore une fois de revenir vers Dieu et de se corriger. Il connaîtra ainsi le bonheur et pourra soutenir les miséreux.

225 Vraiment ta méchanceté est grande, il n'y a pas de limites à tes crimes. 6 Tu prenais sans motif des gages à tes frères, tu les dépouillais de leurs vêtements jusqu'à les mettre nus. […]  12 Dieu n'est-il pas en haut des cieux? Vois la voûte étoilée, comme elle est haute. 13 Tu en as conclu: «Que peut savoir Dieu? Peut-il juger à travers la nuée sombre?» […] 21 Réconcilie-toi donc avec lui et fais la paix. Ainsi le bonheur te sera rendu. […] 27 Quand tu le supplieras, il t'exaucera, et tu n'auras plus qu'à t'acquitter de tes vœux. 28 Si tu prends une décision, elle te réussira et sur ta route brillera la lumière. 29 Si certains sont abattus, tu pourras leur dire: «Debout!» Car il sauve l'homme aux yeux baissés. 30 Il délivrera même celui qui n'est pas innocent; oui, celui-ci sera délivré par la pureté de tes mains.

Dans sa réponse Job reprend sa plainte contre un Dieu inaccessible auprès duquel il insiste pour présenter sa défense. Il est convaincu qu'il ne mérite pas ce qui lui arrive et que Dieu s'acharne sans raison sur lui.

233 Ah! si je savais où le trouver, j'arriverais jusqu'à son trône. 4 J'exposerais devant lui ma cause, j'aurais la bouche pleine d'arguments. [...] 7 Alors un homme droit s'expliquerait avec lui et j'échapperais, victorieux, à mon juge. 8 Mais si je vais à l'orient, il n'y est pas, à l'occident, je ne l'aperçois pas. 9 Est-il occupé au nord, je ne peux l'y découvrir, se cache-t-il au midi, je ne l'y vois pas. 10 Pourtant il sait quel chemin est le mien, s'il m'éprouve, j'en sortirai pur comme l'or.

Mais la situation de Job n'est pas unique: Dieu ne semble pas se soucier non plus des impies qui agissent impunément ou des justes qui ne connaissent au mieux qu’un bonheur éphémère.

 241 Pourquoi le Puissant n'a-t-il pas des temps en réserve, et pourquoi ses fidèles ne voient-ils pas ses jours? .[…] 24 Eux sont élevés pour un peu de temps, et puis plus rien. Ils se sont effondrés comme tous ceux qui sont moissonnés, ils seront coupés comme une tête d'épi. 25 S'il n'en est pas ainsi, qui me démentira, qui réduira mon discours à néant?

Bildad (25,1-6) et Job (26–28) 

Bildad ne répond qu'à la première partie de l'argument de Job en dénonçant sa prétention et en lui rappelant la petitesse humaine. Selon lui, aucun être humain ne peut avoir raison contre le Dieu souverain «qui fait la paix dans les hauteurs» (25,2-6).

Sans attendre que Bildad aille plus loin, Job lui coupe la parole. Bildad le traite comme un homme «sans sagesse» (26,2), mais il se trompe. Job est capable lui aussi de décrire la souveraineté de Dieu sur la création (26,7-14). Mais il continue d’affirmer son innocence devant ce Dieu dont sa vie dépend, mais qui lui «dénie justice»:

27 2 Par la vie du Dieu qui me dénie justice, par le Puissant qui m'a aigri le cœur, 3 tant que je pourrai respirer et que le souffle de Dieu sera dans mes narines, 4 je jure que mes lèvres ne diront rien de perfide et que ma langue ne méditera rien de fourbe. 5 Quelle abomination, si je vous donnais raison! Jusqu'à ce que j'expire, je maintiendrai mon innocence. 6 Je tiens à ma justice et ne la lâcherai pas! Ma conscience ne me reproche aucun de mes jours.

Dans l’état actuel du texte, Job montrerait ensuite qu’il connaît bien le discours des sages sur le sort que Dieu réserve aux impies (27,11-23). Cette forme de sagesse ne résiste donc pas à son expérience. Ce constat l’amènerait à formuler une réflexion sur la véritable sagesse que Dieu est seul à posséder (28,20-27). La seule sagesse accessible à l’être humain, celle que Dieu lui a révélé, consiste à montrer du respect envers le maître de l’univers et à adopter une conduite intègre:

2828 Puis il a dit à l'homme: «La crainte du Seigneur, voilà la sagesse. S'écarter du mal, c'est l'intelligence!»

Telle est la sagesse humaine que Job mettait en œuvre, comme le narrateur et Dieu lui-même l’ont indiqué dans l’introduction (1,1.8; 2,3). C’est en se basant sur elle que Job revendique à nouveau son innocence et son intégrité que dans un monologue final, où il rejette les accusations plus spécifiques et plus incisives qui viennent d’être portées contre lui.

MONOLOGUE FINAL DE JOB (29–31)

Job commence d’abord par rappeler les jours heureux d’autrefois, quand Dieu s’occupait de lui et lui manifestait de l’amitié. Il était alors prospère et généreux.

292 Qui me fera revivre les lunes d'antan, ces jours où Dieu veillait sur moi, 3 quand sa lampe brillait sur ma tête, et dans la nuit j'avançais à sa clarté; 4 tel que j'étais aux jours féconds de mon automne, quand l'amitié de Dieu reposait sur ma tente, 5 quand le Puissant était encore avec moi et que mes garçons m'entouraient, [...] 14 Je revêtais la justice, c'était mon vêtement. Mon droit me servait de manteau et de turban. 15 J'étais devenu les yeux de l'aveugle, et les pieds de l'impotent, c'était moi. 16 Pour les indigents, j'étais un père, la cause d'un inconnu, je la disséquais. 17 Je brisais les crocs de l'injuste, et de ses dents, je faisais tomber sa proie.

Mais, frappé par le malheur, il est devenu un objet de moquerie. Dieu l’a abandonné et ne lui répond plus; au contraire, il le persécute et le conduit directement à la mort (30,1-24). Pourtant sa conduite antérieure était irréprochable et Dieu le verrait bien s’il se donnait la peine de l’examiner.

312 Quel lot, en effet, Dieu assigne-t-il d'en haut, quelle part le Puissant fixe-t-il depuis les cieux? 3 N'est-ce pas la ruine pour le pervers, l'adversité pour les malfaiteurs? 4 Ne voit-il pas, lui, ma conduite? Ne tient-il pas le compte de tous mes pas? 5 Alors, ai-je fait route avec le mensonge, mon pied s'est-il hâté vers la fraude? 6 Qu'il me pèse à de justes balances et Dieu reconnaîtra mon intégrité.

Dans cette «protestation d’innocence», Job admet que son comportement était motivé par une attitude de respect envers le Dieu créateur, mais aussi par son appréhension envers le Dieu juge qui châtie les impies et les idolâtres:

3113 Si j'ai méconnu le droit de mon serviteur ou de ma servante dans leurs litiges avec moi,14 que faire quand Dieu se lèvera? Quand il enquêtera, que lui répondre? 15 Celui qui m'a fait dans le ventre, ne les a-t-il pas faits aussi? C'est le même Dieu qui nous a formés dans le sein. […] 21 Si j'ai brandi le poing contre un orphelin, me sachant soutenu au tribunal, 22 que mon épaule se détache de mon dos et que mon bras se rompe au coude. 23 Non, le châtiment de Dieu était ma terreur, je ne pouvais rien devant sa majesté. […] 26 […] si en voyant la lumière resplendir et la lune s'avancer radieuse, 27 mon cœur en secret s'est laissé séduire, et si ma main s'est portée à ma bouche pour un baiser, 28 cela aussi aurait été un forfait que punit mon juge, car j'aurais renié le Dieu d'en haut.

Dans son monologue initial, Job évoquait également «la terreur» qui le hantait et qui l’a finalement atteint (3,25) malgré «l’enclos» dont Dieu protégerait, dit-on, la vie des hommes droits (3,23; voir 1,10). Aujourd’hui, il se rend compte que cela ne fonctionne pas comme cela. Il est confronté à un Dieu muet, qui le traite comme un adversaire dont il ne connaît pas les griefs et qui ne daigne même pas lui répondre:

3135 Qui me donnera quelqu'un qui m'écoute? Voilà mon dernier mot. Au Puissant de me répondre! Quant au réquisitoire écrit par mon adversaire, 36 eh bien, je le porterai sur mon épaule, je m'en parerai comme d'une couronne. 37 Oui, je lui rendrai compte de mes pas, je lui ferai un accueil princier!

Dans ce monologue où Job fait un retour sur son passé, on peut percevoir un peu plus l’ambiguïté de sa motivation. Certes, il respectait Dieu, mais il avait peut-être surtout peur de son juge. S’il n’agissait pas pour s’attirer la faveur de Dieu, comme le prétendait l’Adversaire, il n’en cherchait pas moins à éviter la punition d’éventuelles fautes. Qu’importe, puisqu’il a mené une vie intègre! Malgré cela, Dieu semble l’attaquer sans égard à sa conduite et Job réclame à nouveau de pouvoir en débattre avec Lui.

Harangue d’Élihou (32–37)

Le narrateur présente Élihou comme un jeune israélite, fils de Barakéel le Bouzite, du clan de Ram, qui est en colère à la fois contre Job qui se prétend plus juste que Dieu et contre ses trois amis parce qu'ils n'ont pas su lui répondre adéquatement (32,2-3).

Se disant inspiré par Dieu (33,2-4), Élihou reproche d’abord à Job d’intenter un procès à celui «qui ne rend compte d'aucun de ses actes» (33,13). Il prend ensuite la défense de Dieu en décrivant comment il fait preuve d’une grand patience à l’égard des humains (33,14-30).

Dans un deuxième discours, Élihou réaffirme que Dieu «rend à l'homme selon ses œuvres et traite chacun selon sa conduite» (34,11). Dieu ne pourrait pas gouverner le monde s'il n'était pas juste. Mais il observe tout, punit les malfaiteurs et entend le cri des opprimés (34,21-28). Job, qui prétend le contraire, est à la fois un pécheur et un révolté qui «sème le doute parmi nous et accumule ses remontrances contre Dieu» (34,36-37).

Élihou affirme ensuite que le Dieu transcendant n’a que faire de la justice ou de la révolte de Job: elles n’affecte que ses semblables (35,6-7). Job se plaint que Dieu ne veut pas entendre sa cause; mais si Dieu ne lui répond pas, c’est parce qu’il «accumule des discours insensés» contre lui (35,16).

Dans son dernier discours, Élihou vante à nouveau la pédagogie et la justice de Dieu (36,5-15) et il présente à son tour les épreuves de Job comme un moyen de le ramener dans le bon chemin:

 366 Il ne laisse pas en vie le méchant, mais fait justice aux opprimés. […] 15 […] l'opprimé, il le sauve par l'oppression, et par la détresse il lui ouvre l'oreille. 16 Toi aussi, il a voulu te faire passer de la contrainte aux grands espaces où rien ne gêne, et la table qu'on t'y servira sera chargée de mets savoureux. 17 Mais si tu encours un verdict de condamnation, verdict et jugement l'emporteront. 18 Que la menace du châtiment ne te pousse pas à la révolte!

Pour étayer son propos sur la grandeur de Dieu qui échappe à l’entendement humain, Élihou passe en revue, sur le ton de l’hymne, les actions merveilleuses de Dieu qui donne la pluie, la neige et le soleil au fil des saisons et qui se manifeste dans le tonnerre, l’éclair et la splendeur lumineuse  (36,26–37,22). Devant ces preuves de la sagesse et de l’équité de Dieu, les humains s’inclinent avec respect; c’est ce que Job devrait faire s’il ne se prenait pas pour plus sage que Dieu (37,23-24).

Job ne réplique pas à Élihou. Est-ce parce qu’il a déjà tout dit et qu’il n’a plus rien à ajouter? Élihou l’aurait-il convaincu? C’est peu probable. C’est plutôt parce que Dieu lui-même vient lui répondre enfin, «du sein de l’ouragan» (38,1).

Dialogues entre Dieu et Job (38,1 - 42,6)

Dieu manifeste d’abord un certain agacement devant les propos de Job: «Qui est celui qui dénigre la providence par des discours insensés?» (38,2 – TOB) ou, littéralement: «Qui est celui-ci qui enténèbre [mon] conseil avec des mots sans science» (Radermakers 1998, p. 343). Puis il lui lance une série de questions sur la création et la providence pour mettre ses connaissances à l’épreuve. Job a-t-il ordonné l’univers et le maîtrise-t-il (38,4-38)? Que sait-il des animaux et du soin attentif que Dieu prend de chacun (38,39–39,30)?

383 Ceins donc tes reins, comme un brave: je vais t'interroger et tu m'instruiras. 4 Où est-ce que tu étais quand je fondai la terre? Dis-le-moi puisque tu es si savant. 5 Qui en fixa les mesures, le saurais-tu? Ou qui tendit sur elle le cordeau? […] 12 As-tu, un seul de tes jours, commandé au matin, et assigné à l'aurore son poste, 13 pour qu'elle saisisse la terre par ses bords et en secoue les méchants? […] 18 As-tu idée des étendues de la terre? Décris-la, toi qui la connais tout entière. […] 39 Est-ce toi qui chasses pour la lionne une proie et qui assouvis la voracité des lionceaux, 40 quand ils sont tapis dans leurs tanières, ou s'embusquent dans les fourrés? 41 Qui donc prépare au corbeau sa provende quand ses petits crient vers Dieu et titubent d'inanition?

Job voulait débattre avec Dieu; mais, confronté à des questions et des réalités d’une telle ampleur, (40,2), il change d’attitude et admet qu’il est complètement dépassé:

 404 Je ne fais pas le poids, que te répliquerai-je? Je mets la main sur ma bouche. 5 J'ai parlé une fois, je ne répondrai plus, deux fois, je n'ajouterai rien.

Dans son deuxième discours, Dieu met Job au défi de faire régner la justice dont il se réclame en faisant disparaître les «hautains» et les «méchants» (40,7-14):

 407 Ceins donc tes reins, comme un brave. Je vais t'interroger et tu m'instruiras. 8 Veux-tu vraiment casser mon jugement, me condamner pour te justifier? 9 As-tu donc un bras comme celui de Dieu, ta voix est-elle un tonnerre comme le sien? 10 Allons, pare-toi de majesté et de grandeur, revêts-toi de splendeur et d'éclat! 11 Épanche les flots de ta colère, et d'un regard abaisse tous les hautains. 12 D'un regard fais plier tous les hautains, écrase sur place les méchants. 13 Enfouis-les pêle-mêle dans la poussière, bâillonne-les dans les oubliettes. 14 Alors moi-même je te rendrai hommage, car ta droite t'aura valu la victoire.

Puis, Dieu présente à Job deux de ses créatures. Behémot ou «le Bestial» (par excellence) est décrit sous les traits d’un l’hippopotame, un chef d’œuvre de puissance mais que Dieu a rendu inoffensif (40,15-24). Léviathan ou «le Tortueux» est, un dragon apparenté au crocodile, un animal sans rival (40,25 – 41,26). Le Bestial et le Tortueux représentent probablement le mal, comme dans la mythologie égyptienne (Radermakers 1998, p. 246). Pourtant, Dieu peut les maîtriser. Que Job essaie d’en faire autant! (40,15–41,26)

Job est complètement dépassé à nouveau. Il réalise que Dieu seul peut contrôler les forces du mal, mais qu’il le fait d’une manière qui n’a rien a voir avec les attentes des humains. Il avait déjà compris que la sagesse de Dieu lui échappait; cette fois il se rend compte que la justice de Dieu est tout aussi mystérieuse, quoi qu’en pensent les humains. Mais par-dessus tout, il a rencontré le Dieu qu’il croyait absent ou hostile et qu’il cherchait à confronter: il est désormais prêt à lui faire humblement confiance:

 422 Je sais que tu peux tout et qu'aucun projet n'échappe à tes prises. 3 «Qui est celui qui dénigre la providence sans y rien connaître?» Eh oui! j'ai abordé, sans le savoir, des mystères qui me confondent. 4 «Écoute-moi, à moi la parole, je vais t'interroger et tu m'instruiras.» 5 Je ne te connaissais que par ouï-dire, maintenant, mes yeux t'ont vu. 6 Aussi, j'ai horreur de moi et je me désavoue sur la poussière et sur la cendre.

La traduction et l’interprétation du dernier verset sont discutées. La traduction de la TOB (ci-dessus) est expliquée comme suit en note:

Il s’agit moins d’une rétractation que d’une prise de conscience de la relation, jusque-là méconnue, qui unit Job au Dieu Saint. Le héros est à la fois écrasé par la majesté divine et ému par la délicatesse de celui qui le maintient en vie au sein d’un univers énigmatique et immense.

D’autres traductions sont possibles. Par exemple, Vogels (1995, p. 240) propose «Aussi je cède et je change mon idée sur la poussière et la cendre». Après analyse, il commente:

La dernière parole de Job est donc: je succombe, je cède. J’ai perdu mon procès avec Dieu, c’est fini. J’ai maintenant une tout autre idée sur la nature de l’être humain [“la poussière et la cendre”], parce que j’ai une meilleure idée de ce qu’est Dieu, que j’ai entendu et vu. […] Job qui croyait connaître Dieu, est devenu le croyant qui réalise qu’on ne peut jamais expliquer Dieu. (p. 243-244).

Conclusion (42,7-17)

La conclusion du livre comporte deux unités. Dans la première (42,7-9), Dieu exprime sa colère contre Élifaz et ses deux compagnons et il dénonce comme une «folie», leurs discours sur la justice divine et leurs explications des souffrances de Job. Celui-ci, au contraire, parlait avec «droiture» en contestant leur point de vue à partir d'une situation absurde: sa remise en question l'a amené à chercher Dieu autrement et, finalement, à le rencontrer:

 427 [...] le SEIGNEUR dit à Élifaz de Témân: «Ma colère flambe contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n'avez pas parlé de moi avec droiture comme l'a fait mon serviteur Job. 8 «Maintenant prenez pour vous sept taureaux et sept béliers, allez trouver mon serviteur Job, et offrez-les pour vous en holocauste tandis que mon serviteur Job intercédera pour vous. Ce n'est que par égard pour lui que je ne vous traiterai pas selon votre folie, vous qui n'avez pas parlé de moi avec droiture comme l'a fait mon serviteur Job.» 9 Élifaz de Témân, Bildad de Shouah et Çofar de Naama s'en furent exécuter l'ordre du Seigneur, et le Seigneur eut égard à Job (litt. «releva la face de Job»).

Dans un deuxième temps (42,10-17), le narrateur décrit la réhabilitation de Job. Ses dernières années sont bénies «encore plus que les premières» (v. 12): il retrouve son réseau social, sa prospérité et une nouvelle famille et il meurt «vieux et rassasié de jours» (v. 17).  Dieu avait agi «pour rien» en permettant les malheurs de Job (2,3): il est logique, explique Vogels (1995, p. 254-255) qu’il restaure la situation de Job:

Job n’a jamais su que ses malheurs étaient liés à un pari, il ne connaît pas non plus la raison de cette restauration au double. [...]  Tout fait partie de «cet ordre mystérieux de la justice» de Dieu (40,8).

Synthèse et conclusion

Les attitudes de Job face à Dieu

On peut synthétiser très schématiquement dans le tableau suivant les résultats de cette exploration des attitudes de Job face à son Dieu dans les différentes sections du livre, en regroupant les éléments selon le point de vue qu’ils représentent (celui du narrateur ou de chacun des acteurs du drame):

 

SECTION P. DE VUEATTITUDE, MOTIVATION, TRANSFORMATION
 
Ch. 1-2 Cet homme était intègre et droit… (1,1)
1,1.4-5.22;
2,10.11-13
NarrateurJob est intègre, droit, craint Dieu et s'écarte du mal; inquiet à cause de ses enfants; ne pèche pas; n'impute rien d'indigne à Dieu; demeure silencieux.
1,8; 2,3DieuServiteur sans pareil; intègre, droit, craint Dieu, s'écarte du mal.
1,90AdversaireJob est motivé par son intérêt. S’il perd ses biens ou sa santé, il "maudira" D.
1.21;2,10JobImpassible devant ses pertes; accepte la maladie; s'enferme dans le silence.
 FemmeIncite Job à "maudire" (!) D.
 
Ch. 3  Pourquoi ce don de la vie? (3,23)
3,10NarrateurJob maudit… son jour!
3,1-4.20.23JobPourquoi Dieu donne-t-il la vie si elle doit être misérable?
 
Ch. 4-14 Fais-moi connaître tes griefs!  (10,2)
4,2-6.17; 5,17-27ElifazÉprouvé, Job doit persévérer.
8,3-6BildadDieu est juste; si Job est honnête, il peut avoir confiance.
11,5-15ÇofarJob est prétentieux; qu'il prie Dieu de pardonner ses crimes et il sera purifié.
6,4.9-10; 7,7-21; 9,2-35; 10,1-21; 13,23-24;14,1-16JobSe sent innocent, éphémère, mais harcelé et terrorisé par Dieu qui pourtant se dérobe...; se pense piégé (implorer son accusateur!); veut que Dieu le lâche ou lui fasse connaître ses fautes; voudrait un arbitre ou un abri aux enfers jusqu'à la fin de la colère de Dieu. Espère retrouver Dieu lorsque cela sera fini!
 
Ch. 15-21 Sa colère a flambé contre moi, il m'a traité en ennemi (19,11)
15,4-6.20-25ÉlifazJob sape la piété en s'en prenant à Dieu; ceux qui le font périssent…
18,5-21BildadSi Job agit comme les méchants qui ignorent Dieu, il sera détruit.
20,4-29ÇofarLe triomphe des méchants est bref et ils subissent la colère de Dieu.
16,7-21; 19,6-11.21-27; 21,7-30JobProteste contre Dieu qui l'a poussé à bout, l'attaque sans cesse et viole son droit; veut que le cri de sa prière le défende contre Dieu. Mais Dieu ne répond pas. Espère un rédempteur. Veut voir Dieu et s'expliquer. Conteste que Dieu punisse vraiment les méchants.
 
Ch. 22-28 Pourtant, il sait quel chemin est le mien (23,10)
22,4-30ÉlifazJob a agi en sans souci de Dieu ni du prochain et demande des comptes à Dieu! Qu'il se corrige pour connaître le bonheur et aider son prochain.
25,4-6BildadAucun humain ne peut être juste contre Dieu.
23,3-10; 24,1-25; 26,7-14; 27,2-6; 28, 20-28JobJob désire trouver Dieu pour plaider sa cause; mais Dieu se cache. Pourquoi épie-t-il les justes et laisse-t-il les méchants prospérer? Job maintient qu'il est innocent: il a la conscience nette devant ce Dieu sage qu'il a toujours respecté mais qu'il ne comprend plus.
 
Ch. 29-31 Qui me donnera quelqu'un qui m'écoute? (31,35)
29,2-17; 30,1-24; 31,2-6.13-28.35-37JobDans l'amitié d'un Dieu qui veillait sur lui, mais dont il redoutait le jugement, Job était juste, droit, charitable. Mais Dieu l'a abandonné, terrassé sans raison; il l'amène vers la mort sans écouter sa plainte. Job est prêt à l'affronter et exige une réponse!
 
Ch. 32-37  Toi aussi, il a voulu te faire passer de la contrainte aux grands espaces (36,16)
33,13-30; 34,11.36-37; 35,16;36,6-18; 37,23-24ÉlihouDieu n'a pas de compte à rendre; il éduque patiemment les humains mais n'écoute pas les discours insensés… Que Job se laisse corriger sans révolte, sinon ce sera sa perte!
 
Ch. 38,1-42,6  Veux-tu me condamner pour te justifier? (40,8)
38-39; 41,7-41,26DieuQu'est-ce que Job comprend à la création, la providence et la justice de Dieu?
40,4-5; 42,2-6JobJob est dépassé, reconnaît la puissance et la sagesse de Dieu pour l'avoir vu… Il admire, s'apaise et fait confiance…
 
Ch. 42,7-14 Et le Seigneur releva la face de Job (42,9)
42,7-9DieuJob est le seul a avoir parlé de lui avec droiture. Il le restaure et en fait un intercesseur.
42,10JobEn paix avec Dieu, Job intercède pour son prochain.

 

Lorsqu’on observe l’attitude de Job envers Dieu à partir de ces données, on peut voir se dessiner un changement majeur qu’on peut esquisser sommairement. Au début du récit, Job est un «serviteur» de Dieu qui a probablement bien assimilé son éducation religieuse: c’est un homme «intègre et droit, craignant Dieu et s’écartant du mal» (1,1.8; 2,3). Malgré la prétention de l’Adversaire, son attachement à Dieu ne paraît pas motivé par les bénéfices qu’il en retirerait: ses premières réactions aux malheurs qui le frappent semblent refléter une acceptation inconditionnelle de la volonté de l’action de Dieu qui peut donner ou reprendre comme bon lui semble. Mais le narrateur souligne aussi que Job est homme inquiet (1,4-5) et lui-même reconnaît dans son monologue final qu’il a souvent agi par peur du châtiment (31,23).

Après s’être résigné pendant un certain temps à ce qui lui arrive, Job commence à faire face à la dissonance entre ce qu’il savait de Dieu et ce qu’il expérimente dans sa chair. Ainsi s’amorce un cheminement qui l’amènera à une profonde transformation de son attitude envers Dieu. Il commence par se poser des questions sur le sens d’une vie de misère comme celle qu’il connait maintenant. À ses amis qui s’efforcent de le convaincre qu’il s’agit d’une épreuve destinée à le raffermir ou à purifier ses crimes, il répond qu’il a la conscience nette et qu’il voudrait bien que Dieu lui explique où il a manqué. Il en vient à considérer Dieu comme un ennemi qui s’acharne sur lui sans raison, un Dieu colérique qui harcèle un fragile être humain.

La confrontation entre Job et ses amis se radicalise. En voyant Job se prétendre juste et demander des comptes à Dieu, ils finissent par le considérer comme un rebelle que Dieu punit pour ses crimes antérieurs. Ils cherchent alors à le ramener vers Dieu en faisant vibrer la corde de la peur et en lui faisant voir le sort que Dieu réserve aux impies. Mais Job conteste cela aussi. Non, Dieu ne punit pas toujours les méchants. Job ne comprend plus l’agir de Dieu.

Durant tout ce parcours, Job n’a cessé de réclamer le droit de s’expliquer avec ce Dieu omniprésent par son harcèlement, mais totalement absent quand il s’agit d’entendre Job plaider son innocence et son intégrité. Lorsque Dieu se manifeste enfin, Job est complètement bouleversé par ce qu’il lui fait entrevoir de son action créatrice, de sa providence et de sa justice. Dieu gère le monde d’une manière que nul autre que lui ne peut comprendre. Par ses questions, Dieu fait toucher à Job quelque chose de la puissance avec laquelle il agit, de la diversité et de la complexité de ses œuvres, mais aussi de son attention particulière et de sa générosité envers chaque créature et de sa capacité de maîtriser le mal à sa manière.

Job n’a plus envie de se justifier devant Dieu ou de lui demander des explications sur son «harcèlement». Son image de Dieu s’est transformée. Il a dépassé sa représentation d’un Dieu juge qui distribue des sanctions, qui s’en prend arbitrairement à des innocents et qui laisse prospérer les impies. Il a rencontré un Dieu qui se réjouit de sa création, qui s’en soucie et qui donne sans retour. La contemplation admirative de Job l’amène à entrer dans une autre forme de relation à Dieu et à son prochain, une relation où il peut faire confiance, recevoir dans la gratitude  et donner avec la même gratuité que celle dont il bénéficie.

Bien des chrétiens de ma génération ont été éduqués de la même manière que le Job du début du récit et ont ainsi appris à agir avec intégrité et droiture par «crainte» d’un Dieu juge qui punit les écarts de conduite. Nombreux sont ceux qui se sont révoltés contre cette image devant l’apparente absurdité de la vie, la souffrance des innocents ou la prospérité scandaleuse des impies. Tous n’ont pas rejeté Dieu pour autant. Ceux qui ont continué à le chercher avec l’audace et l’authenticité de Job ont appris à réfléchir autrement sur la sagesse et la justice de Dieu.

Pour ceux-là, la représentation de Dieu à laquelle Job aboutit au terme de son questionnement douloureux s’apparente à celle que propose Jésus. Pour lui également Dieu est un Père qui aime toutes ses créatures et qui «fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants» (Mt 5,45), qui  gouverne le monde avec une sagesse qui nous dépasse (Mt 11,25), qui donne généreusement à ses enfants ce dont ils ont besoin (Mt 7,11) et qui espère qu’ils accueilleront ses dons avec confiance et reconnaissance et qu’en suivant son exemple ils apprendront à découvrir une créature de Dieu en tout être humain et à se montrer confiants, ouverts et généreux les uns envers les autres, en toute gratuité (Mt 22,37).


Références

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Vogels, Walter. 1995. Job, l'homme qui a bien parlé de Dieu. Paris: Éditions du Cerf.

 

[1] Voir Alexandre 1996; Bizer 2004; Crozier et Friedberg 1977; Fazio et Olson 2003; Maio 2006.

[2] La littérature sur Job est abondante (voir la bibliographie sélective) et on y évoque assez souvent les attitudes de Job, mais on ne traite pas ce sujet de manière systématique.

Remarques de l’éditeur

Intervention au Dialogue judéo-chrétien (Temple Emanu-el-Beth Sholom, Montréal, 6 juin 2012). Jean Duhaime enseigne l’interprétation biblique à l’Université de Montréal et est responsable de la section francophone de Relations judéo-chrétiennes. Pour un point de vue juif sur le même thème, voir l’exposé de Sylvia Assouline, «L’attitude de Job face à Dieu et aux hommes dans l’interprétation juive» sur le site Relations judéo-chrétiennes: http://www.jcrelations.net/L___attitude_de_Job_face____Dieu_et_aux_hommes_dans_l___interpr__tation_juive.4035.0.html?L=6.