Deux associations complémentaires: l’Amitié Judéo-Chrétienne de Strasbourg et l’Association Charles Péguy

À Strasbourg, deux groupes s’intéressent au Dialogue entre Juifs et Chrétiens: l’Amitié Judéo-Chrétienne de Strasbourg et l’Association Charles-Péguy. Le 11 novembre 2009, les présidentes de ces deux associations ont été invitées à les présenter à des membres de la Communauté Israélite de Strasbourg au cours d’une rencontre soulignant le 60e anniversaire de la fondation de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France. Elles nous ont généreusement transmis des notes résumant l’essentiel de leurs interventions

Deux associations complémentaires: l’Amitié Judéo-Chrétienne de Strasbourg et l’Association Charles Péguy

Janine Elkouby et Jacqueline Cuche

À Strasbourg, deux groupes s’intéressent au Dialogue entre Juifs et Chrétiens: l’Amitié Judéo-Chrétienne de Strasbourg et l’Association Charles-Péguy. Le 11 novembre 2009, les présidentes de ces deux associations ont été invitées à les présenter à des membres de la Communauté Israélite de Strasbourg au cours d’une rencontre soulignant le 60e anniversaire de la fondation de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France. Elles nous ont généreusement transmis des notes résumant l’essentiel de leurs interventions*.

 

L’Amitié Judéo-Chrétienne de France et sa section de Strasbourg, présentées par Janine Elkouby

Un peu d’histoire

L’Amitié Judéo-Chrétienne de France est née en 1948. Aux lendemains de la guerre, l’Église, traumatisée par la Shoah, s’interroge sur sa responsabilité dans l’antisémitisme séculaire de l’Europe et dans le cataclysme sans précédent qu’il a généré. En juillet 1947, se réunit à Seelisberg, en Suisse, une conférence internationale, groupant 70 personnalités juives et chrétiennes venues de 17 pays, parmi lesquelles Jules Isaac, les Grands rabbins Jacob Kaplan et Alexandre Safran, avec pour objectif de réfléchir sur les racines chrétiennes de l’antisémitisme. Cette conférence produit un texte intitulé «Les dix points de Seelisberg», qui serviront de plateforme à la réflexion menée conjointement par les Juifs et les Chrétiens durant les six décennies à venir, et jette les bases de l’Amitié Judéo-chrétienne de France, qui sera créée l’année suivante par Jules Isaac et Edmond Fleg.

Objectif de l’Amitié Judéo-Chrétienne

L’Amitié Judéo-Chrétienne a pour objectif essentiel de favoriser entre Juifs et Chrétiens l’établissement de relations fondées sur le respect et le dialogue. Jusqu’à sa prise de conscience consécutive à la guerre, l’Église s’en tient à la théologie de la substitution, selon laquelle la Nouvelle Alliance rendrait caduque l’Ancienne et selon laquelle le Verus Israel serait à présent constitué par les Chrétiens, les Juifs étant disqualifiés par leur aveuglement et leur obstination à ne pas reconnaître le Sauveur. Désormais l’Église, dans un revirement spectaculaire qui ne fera que se confirmer dans les différents textes qu’elle publie par la suite, renonce à la théologie de la substitution, reconnaît les Juifs comme des «frères aînés» et rend publique une déclaration de repentance, concernant l’antijudaïsme millénaire dont elle a fait preuve. Dans les textes ultérieurs, elle reconnaît la validité et la richesse de la lecture juive de la Bible, dont les Chrétiens eux-mêmes ont à tirer des enseignements. L’Amitié-Judéo-Chrétienne est un témoin et un acteur privilégié du changement de climat dans les relations judéo-chrétiennes: née de la volonté conjointe de Chrétiens et de Juifs d’instaurer enfin un dialogue nécessaire, elle s’y emploie en réfléchissant au passé et en jetant les bases d’un avenir différent.

Rôle des Chrétiens et des Juifs

Les Juifs sont bien conscients, tout d’abord, de la nouveauté de cette démarche et des perspectives inédites qu’elle ouvre dans leurs relations avec les Chrétiens: pour la première fois, l’antijudaïsme est condamné par l’Église, jusque dans sa racine théologique; ce n’est pas rien! Les données de l’histoire se sont radicalement modifiées et c’est une chance inouïe pour les Juifs, car ils ont désormais un allié de taille dans la lutte contre l’antisémitisme. La hiérarchie ecclésiastique s’emploie à revoir les textes liturgiques et à en éliminer toute formulation offensante à l’encontre des Juifs, en demandant parfois le concours de ces derniers pour ce travail. Je voudrais témoigner ici de l’écoute et du respect que je rencontre, en tant que juive, auprès de mes interlocuteurs Chrétiens et qui caractérisent nos échanges, des échanges qui vont bien au-delà des formules de politesse, des échanges qui impliquent authenticité, franchise et capacité à reconnaître, sans hypocrisie et dans le respect mutuel, les points de désaccord et les contentieux irréductibles.

L’Amitié Judéo-Chrétienne de France et sa section de Strasbourg

Au plan national, l’Amitié Judéo-Chrétienne de France est une fédération de plus de 50 sections locales, qui compte environ 3000 adhérents. Elle a à sa tête un comité dont la présidente actuelle est le Pasteur Florence Taubmann. Le comité lui-même est constitué de personnalités juives, catholiques et protestantes. Elle publie une revue d’excellente qualité, Sens, connue et appréciée par tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin au dialogue judéo-chrétien et largement diffusée. Elle a un site internet de plus en plus fréquenté (http://www.ajcf.fr). A Strasbourg, la section a été présidée, durant de longues années, par une éminente personnalité, le professeur Lazare Landau, historien spécialiste des relations judéo-chrétiennes, assisté par les professeurs Bernard Keller et Francis Schlienger. C’est sur leur demande insistante que j’ai accepté de prendre la relève en 2009. Un nouveau comité de direction s’est mis en place: Francis Schlienger continue à en faire partie, aux côtés de Bernard Aspis, Daniel Bodi, Jean Brousse, Claudine Haeffelé, Muriel Lévy et moi-même.

Quelques projets

Nous nous efforçons de proposer, dans la continuité de ce qui s’est fait jusqu’ici, des conférences et des tables rondes sur des thèmes historiques et sur des sujets d’actualité. Nous souhaitons instaurer ou renforcer les contacts avec d’autres groupes, à Strasbourg d’abord, et aussi avec les sections de l’Amitié Judéo-Chrétienne à Colmar, à Mulhouse, où le Grand Rabbin Hayoun est actif, et en dehors de l’Alsace. Une fois par an, a lieu une assemblée générale, qui ouvre un fructueux travail de réflexion et permet des échanges enrichissants au niveau personnel et collectif. C’est ainsi qu’est né le Lexique pour le dialogue: publié par Anne-Marie Dreyfus aux Éditions du Cerf en 2000: ce glossaire définit près de deux cents termes, pour la plupart afférents au judaïsme.

Nous voulons enfin élargir sensiblement le public des adhérents et des sympathisants de l’Amitié Judéo-Chrétienne: l’histoire a montré et continue de montrer combien l’enfermement et le repli sur soi sont néfastes: fondés sur la peur de l’autre, qu’ils cultivent et renforcent, ils entraînent l’égocentrisme sur un plan individuel et collectif, l’illusion que l’on peut capturer la Vérité et s’en faire le seul détenteur. C’est l’attitude qui a prévalu dans l’Église jusqu’en 1945, c’est celle qui prévaut dans un certain Islam, et qui peut exister aussi chez une petite minorité de Juifs. Nous avons en commun avec les Chrétiens d’aujourd’hui des valeurs fondamentales, dangereusement battues en brèche par le matérialisme et le vide, par l’individualisme féroce, par la violence clairement affichée ou déguisée, qui constituent trop souvent le socle de nos sociétés. L’Église a revu de façon spectaculaire sa position à l’égard du judaïsme et elle est en demande par rapport à nous, Juifs. Le moment est venu pour nous d’accepter la main qui se tend et d’entrer dans un exigeant dialogue avec les Chrétiens, un dialogue où chacun s’enrichit grâce à l’autre tout en devenant toujours plus conscient de son identité.

L’Association Charles Péguy, présentée par Jacqueline Cuche

Dans le cadre de cette célébration du 60e anniversaire de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France, il nous a paru utile de vous présenter aussi l’Association Charles-Péguy et d’expliquer sa spécificité. Car plusieurs se demandent pourquoi deux groupes de dialogue judéo-chrétien à Strasbourg, qui poursuivent apparemment le même but. Est-ce bien nécessaire? Je vais donc, en un premier temps, présenter l’Association Charles-Péguy; puis, dans un deuxième temps je développerai quelques points qui, selon moi, font particulièrement partie de sa mission.

L’Association Charles-Péguy

Née au printemps 1990 (elle aura donc bientôt 20 ans), l’Association Charles-Péguy fut fondée par des Chrétiens et pour des Chrétiens (à la différence des groupes d’Amitié Judéo-Chrétienne, toujours tripartites – Juifs, Catholiques et Protestants). Son but est en effet la formation des Chrétiens: les aider à connaître le judaïsme, la Tradition, la culture, l’histoire du peuple juif, pour les conduire à changer leur regard, leur mentalité, pour remplacer l’ignorance ou les préjugés qui les habitent par des sentiments d’intérêt, d’estime et même d’amitié pour les Juifs.

L’Association Charles-Péguy sert un objectif similaire à celui de l’Amitié Judéo-Chrétienne, mais ses moyens sont différents. C’est une association œcuménique, réunissant Catholiques et Protestants. Elle est en lien étroit avec les Églises, où plusieurs de ses membres sont bien insérés. Elle peut donc agir à l’intérieur de ces Églises, essayer de toucher le plus de Chrétiens possible, là où ils se rencontrent : les paroisses, les aumôneries, les établissements scolaires, les lieux de formation des enseignants de religion, des futurs prêtres ou pasteurs. Dans beaucoup de ces lieux il reste fort à faire, car le message de nos Églises a encore du mal à passer, et le peuple chrétien est encore loin d’être touché dans son ensemble par ce nouvel «enseignement de l’estime», comme l’appelait le Grand Rabbin Jacob Kaplan, en réponse à l’ «enseignement du mépris», si bien nommé et analysé par l’historien Jules Isaac et, hélas, encore répandu chez de nombreux Chrétiens à l’égard du judaïsme.

Nous essayons d’agir un peu comme un ferment dans la pâte, pour pousser nos Églises à être plus fidèles à l’Évangile, à l’enseignement du Christ, c’est-à-dire fidèles à l’exigence de respect, d’amour envers le peuple juif, dont il était issu selon la chair et auquel il nous relie, nous Chrétiens, par un lien unique et éternel. Sans doute connaissez-vous cette si belle parole de l’écrivain juif Shalom Ben Chorin, que j’aime citer souvent: «La foi en Jésus nous sépare, mais la foi de Jésus nous unit» (Mon frère Jésus). Ce travail de transformation, de «conversion» des Chrétiens - conversion des regards et des cœurs à laquelle nos Églises nous invitent depuis environ cinquante ans –, une association chrétienne comme la nôtre, qui a en même temps noué des liens étroits de confiance avec la communauté juive, est mieux placée que toute autre pour l’accomplir.

Nos deux associations se complètent donc fort bien. Toutes deux œuvrent, chacune à sa manière, à la réconciliation entre Juifs et Chrétiens, réconciliation qui ne veut pas dire – il importe de le souligner - disparition des différences, unité, mais établissement de relations d’amitié et de confiance, de fraternité même si possible.

Quelle tâche pour les chrétiens aujourd’hui?

J’en viens au deuxième point: développer ce qui, selon moi, dans cette nouvelle attitude des Chrétiens envers les Juifs, me semble aujourd’hui particulièrement important, ce que j’attends d’eux, comment je conçois leur rôle, surtout dans ces temps qui sont les nôtres.

Un devoir de vigilance

Les Chrétiens ont d’abord un devoir de vigilance vis-à-vis de tout ce qui menace le peuple juif: je parle des menaces de l’antisémitisme, sous toutes ses formes (y compris celle qui se cache sous le nom d’antisionisme). La nuit dernière, c’était le 71e anniversaire d’une sombre nuit, la «Nuit de cristal» du 10 novembre 1938, au cours de laquelle dans toute l’Allemagne près de 200 synagogues ont été incendiées ou démolies, des milliers de magasins juifs pillés ou détruits, des dizaines de milliers de Juifs emmenés en déportation. Ce fut le prologue de la Shoah. Si je rappelle cette date, c’est parce que je connais et mesure l’importance de l’impératif si souvent rappelé dans le monde juif: Zakhor! Souviens-toi! Car la Shoah, on ne peut, on ne doit pas l’oublier: pour garder à l’esprit de quoi l’homme est capable dans le meilleur comme dans le pire - et, là, c’était vraiment le pire -; parce que les Chrétiens ont une dette à réparer envers leurs frères Juifs à cause du péché de l’Église, de leur péché, même si la Shoah fut le fait d’une idéologie païenne. Des siècles d’hostilité, de mépris ou d’indifférence chez les Chrétiens ont hélas préparé un terrain favorable, où elle a pu se dérouler plus facilement.

Mais aussi parce que l’antisémitisme n’est pas mort, et que nous avons donc, nous Chrétiens, un devoir particulier de vigilance vis-à-vis de nos frères Juifs. Une parole du prophète Isaïe m’habite particulièrement: «Sur tes remparts, Jérusalem, j’ai posté des veilleurs. De jour ni de nuit ils ne sommeillent» (Isaïe 62,6). Et je me dis: Voilà le rôle qui doit être celui des Chrétiens: être sur les remparts pour veiller sur Israël, sur le peuple juif, pour combattre l’antisémitisme quand il est là et même quand il menace de loin. Il nous faut être vigilants, car ce monstre est toujours prêt à se réveiller. Et je sais que certains de nos amis Juifs vivent aujourd’hui dans la peur, craignant que le pire n’arrive de nouveau; des sites internet islamistes aux propos horribles, des écrits haineux circulent en effet, que ces amis Juifs se communiquent les uns aux autres avec angoisse – et la situation en Israël, qui paraît si souvent bloquée, n’arrange vraiment pas les choses… Mais un veilleur n’est pas là seulement pour guetter et annoncer les dangers qui menacent, il est là aussi pour voir au loin ce qu’il y a de beau, ce qui peut donner espoir. Surtout quand il est poussé par l’Esprit de Dieu, l’Esprit de Sainteté, qui aide à voir plus loin, plus vrai que nos simples regards humains, souvent rivés sur l’immédiat, le seul visible.

Un devoir de bénédiction

Rappelez-vous le prophète Balaam, appelé par le roi de Moab à maudire Israël. C’était un prophète de Dieu, en un sens, puisque, monté sur la montagne qui dominait le campement d’Israël répandu dans le désert, il a été saisi par l’Esprit de Dieu et a vu «ce que Dieu fait voir» (Nombres 24,16). Dieu lui a ouvert les yeux, tout païen que pouvait être cet homme. Et que dit alors Balaam? «Que tes tentes sont belles, ô Jacob, tes demeures, Israël!» (Nombres 24,5) Voilà, selon moi, le rôle des Chrétiens: ces non-Juifs, habités eux aussi par l’Esprit de Sainteté, appelés eux aussi par le même Dieu à être bénédiction, ils ont à dire du bien des Juifs et du judaïsme. C’est cela que nous tâchons de faire, dans l’Association Charles-Péguy mais aussi dans bien d’autres groupes de dialogue judéo-chrétien: dire du bien d’Israël, du peuple juif, pour que les non-Juifs découvrent sa beauté, la richesse de sa Tradition, la sainteté de sa vocation.

Mais aussi, Balaam annonce, dans sa prophétie, qu’un «astre surgira de Jacob, un sceptre, issu d’Israël…» (Nombres 24,17) Les Chrétiens, vous le savez, y voient l’annonce du Christ, qui est pour eux le Messie et qui, selon leur foi, est pleinement Dieu et pleinement homme, c’est-à-dire pleinement juif. C’est pourquoi, on ne le répétera jamais assez et quoi qu’en puissent dire certains Chrétiens, l’antisémitisme est radicalement incompatible avec le christianisme.

Un devoir d’espérance

Je reprends l’image du veilleur, qu’Isaïe montre posté sur les remparts de Jérusalem. Du haut des remparts, le Chrétien n’a pas seulement à guetter et dénoncer l’antisémitisme, il n’a pas seulement à proclamer à ceux qui ne la connaissent pas encore la beauté du judaïsme, mais il a encore une autre mission : annoncer ce qu’il y a de beau et de bon dans le monde.

Il est des Chrétiens qui se disent vos amis (et certains sans doute croient l’être sincèrement) mais ne font qu’entretenir en vous la peur et le repli sur soi en rappelant constamment toutes les souffrances subies par votre peuple et toutes les menaces qui vous entourent. Ne pas oublier les horreurs du passé, rester vigilant devant les menaces du présent, c’est bien, mais les rappeler sans cesse, revenir constamment sur les blessures anciennes ou l’annonce de toutes celles qui sont peut-être à venir, non, ce n’est pas cela que doivent faire de vrais amis des Juifs.

En tant que croyants au Dieu unique, qui est un Dieu d’amour et de fidélité, en tant qu’hommes et femmes créés à l’image de Dieu et membres d’un peuple - ou de deux peuples - appelé à donner le meilleur de lui-même, nous avons à susciter l’espérance, à prononcer des paroles d’espérance et, comme Balaam, à ouvrir nos yeux pour voir ce qu’il y a de beau devant nos yeux et nous émerveiller. Parce que si l’homme est capable du pire – et il ne faut jamais l’oublier – il est aussi capable du meilleur. Au lieu de nous enfermer dans le pessimisme, la peur ou le découragement devant ce monde si souvent sinistre, désorienté, sans repères et où tout semble centré non sur l’homme mais sur le profit ou l’égoïsme, nous avons, nous, croyants, créés à l’image de Dieu, à prononcer des paroles d’espérance pour nous aider les uns les autres à vivre et à bâtir un avenir où les hommes trouvent des raisons de croire et d’espérer.

Il y a tant de belles choses qui se font de par le monde et l’on en parle si peu! Je lisais un jour qu’en Israël même – ce pays où justement la haine et les menaces semblent, à en croire les médias, sans cesse l’emporter – il existe plus de 200 associations œuvrant pour la paix entre Juifs et Palestiniens. Qui en parle ? Chez nous-mêmes, il est tant de groupes, de mouvements, d’associations – avec ou sans référence religieuse - tant d’œuvres de solidarité admirables, qui font espérer en l’avenir! Devant tant d’hommes et de femmes généreux sur terre, comment ne pas espérer?

Un avenir à construire ensemble

L’été dernier, l’Amitié Judéo-Chrétienne Internationale, réunie symboliquement à Berlin, a constaté qu’une nouvelle étape avait été franchie durant ces 60 dernières années, qu’un chemin irréversible avait été parcouru et que maintenant une tâche nous était confiée, en commun, à nous Juifs et Chrétiens. Aux «Dix Points de Seelisberg», élaborés par et pour les Chrétiens, viennent de succéder les «Douze Points de Berlin», rédigés en commun, adressés à chacune des deux communautés croyantes (s’y ajoute même à l’extrême fin un appel à la communauté musulmane), et les invitant à unir leurs efforts dans une mission commune, à aller ensemble de l’avant, à construire ensemble un monde plus pacifié, plus fraternel.

Vous connaissez la célèbre phrase de Saint-Exupéry: «S’aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre; c’est regarder ensemble dans la même direction» (Terre des hommes). Après 60 années où il a bien fallu se regarder l’un l’autre pour apprendre à se connaître en vérité, le temps est venu de regarder ensemble dans la même direction, de nous atteler ensemble à ce que vous appelez le Tiqqoun ‘olam, la construction d’un monde plus heureux, plus juste, plus humain, plus proche de celui que le Créateur avait comme projet quand il l’a créé. Cela nous pouvons le faire, en nous appuyant les uns sur les autres. Nous avons à nous y consacrer avec courage et espérance. La haine n’aura pas le dernier mot. Dans la Torah, dans la Bible, Dieu nous interpelle, nous ordonne même: «Choisis la vie!» (Deutéronome 30,19) Nous voulons, nous Chrétiens, avec nos amis Juifs, choisir la vie, pour notre bien mutuel et pour celui de l’humanité.

Remarques de l’éditeur

*Textes préparés pour la publication sur Relations Judéo-Chrétiennes par Paule-Renée Villeneuve et Jean Duhaime. On trouvera d’autres informations sur les relations entre Juifs et Chrétiens en Alsace sur le site Au service des relations entre Juifs et Chrétiens en Alsace.