Réuni-e-s par la foi, des fidèles des religions chrétienne et juive nouent le dialogue

«Enfant, ma première confrontation au concept de barrière a été d’observer un poisson dans son bocal. C’était sa seule maison et si lui je tendais la main, effrayé, il me fuyait», a indiqué, Rondy Said, pasteur à Ramallah et responsable des questions de jeunesse au sein de l’Église évangélique luthérienne de Jordanie et de Terre Sainte (ELCJHL) à l’occasion d’un atelier, organisé le 1er septembre, sur le dialogue entre les fidèles des religions chrétienne et juive dans le contexte israélo-palestinien.

Cette métaphore éloquente a permis à nombre de participantes et participants à cet atelier de comprendre la réalité dramatique de la Terre Sainte, où des barrières physiques et mentales empêchent les communautés israéliennes et palestiniennes de vivre ensemble en paix.

Said a expliqué qu’au cours de l’histoire, des murs et des barrières ont été érigés afin d’assurer aussi bien la défense de populations entières que l’intimité d’individus ou de familles[1]. Or, dans d’autres contextes, ces barrières sont le fruit de la haine et peuvent nous emprisonner dans nos esprits. Il a indiqué que nous dressions également des barrières entre Dieu et nous, mais que Dieu détruit ces barrières et que le dialogue l’emporte au final sur le silence.

Cet atelier avait pour but de permettre aux chrétiennes et chrétiens de Palestine et d’Europe et aux juives et juifs d’Israël et d’Europe d’échanger et de réfléchir ensemble sur la perception et le vécu suscités par les frontières. Il était organisé par l’Église évangélique de Rhénanie/Allemagne, le Conseil international des chrétiens et des juifs (ICCJ) et l’ELCJHL.

Pour Liliane Apotheker, présidente du Conseil international des chrétiens et des juifs (ICCJ), la mission du Conseil est de promouvoir la compréhension et la coopération entre les chrétiennes et chrétiens et les juifs et juives, sur la base du respect de l’identité et de l’intégrité de l’autre et d’aborder les enjeux de droits et de dignité de la personne profondément enracinés dans les traditions judaïque et chrétienne.

Le dialogue est un impératif spirituel qui permet la reconnaissance mutuelle. Ensemble, nous nouons un dialogue qui respecte nos différences et notre intégrité, a-t-elle ajouté.

Le rabbin David Fox Sandmel, vice-président du Comité juif international pour les consultations interreligieuses, a affirmé que certaines de ses conversations les plus significatives sont nées de l’écoute et du partage des souffrances avec les chrétiennes et les chrétiens.

«Je crois en la réconciliation, je l’ai vue dans les relations entre les communautés juives et chrétiennes et je me déclare prisonnier de l’espérance», a-t-il souligné.

Sani-Ibrahim Azar, évêque de l’Église évangélique luthérienne de Jordanie et de Terre Sainte, a soutenu que la religion juive est abondante et profonde et que pour les Palestiniennes et Palestiniens, elle va bien au-delà du rôle politique qu’elle joue dans leur pays.

«Les chrétiennes et les chrétiens apprennent des juives et des juifs depuis les débuts du christianisme. Nous partageons de nombreuses valeurs avec nos frères juifs et nos sœurs juives et sommes très attaché-e-s aux relations avec la religion juive», a-t-il poursuivi.

«Discuter avec nos prochains et nos prochaines ne signifie pas que nous acceptons l’occupation israélienne ni ses innombrables effets sur notre peuple palestinien. Toutefois, arrêter d’explorer et d’approfondir notre compréhension de la religion chrétienne par le dialogue interreligieux voudrait dire que l’occupation dicte encore davantage la conduite de notre ministère», a précisé l’évêque Azar.

Et de conclure: «C’est la foi qui nous réunit ici aujourd’hui et qui continuera à marquer durablement chacune de nos Églises pour les années à venir».

L’atelier s’est terminé sur la lecture d’un texte biblique et des prières en anglais, en hébreu et en arabe.

[1] Traduction légèrement modifiée à partir de l’original anglais.

Remarques de l’éditeur

Source: Conseil œcuménique des Églises.