Rencontre interreligieuse à Haïfa autour du leadership religieux au 21ème siècle

HAIFA - Le 17 mai 2023, Sa Béatitude Pierbattista Pizzaballa, Patriarche latin de Jérusalem, a participé à une conférence organisée par le comité du Laboratoire d’études religieuses de Haïfa, dont il est membre, et qui était centrée sur le leadership religieux et les défis auxquels il est confronté aujourd’hui.

Quel est le rôle que les chefs religieux devraient endosser aujourd’hui? Quelle voix devraient-ils incarner dans ce monde de changements rapides, trop rapides peut-être, que ce soit sur le plan politique, géographique, éthique, social ou technologique? Telles sont les questions auxquelles ont tenté de répondre divers responsables religieux et universitaires laïcs de divers horizons, qu’ils soient druzes, musulmans, juifs, chrétiens ou de foi bahá’íe, au cours de la conférence qui s’est tenue hier sur le campus de l’université de Haïfa. Au cours des différentes interventions, de nombreux sujets ont été abordés, notamment l’importance fondamentale du dialogue, de la communion, de l’acceptation et de la tolérance (et, dans certains cas, leur absence chez certaines communautés ou dirigeants religieux), ainsi que le rôle joué par la foi dans les grands événements historiques qui ont façonné le monde d’aujourd’hui.

Cette initiative émane du Laboratoire d’études religieuses de Haïfa, qui a vu le jour il y a quelques années dans le but de mettre en valeur Haïfa en tant que modèle de coexistence religieuse, et afin d’étudier les religions en profondeur, en particulier le dialogue interreligieux et les collaborations interdisciplinaires.

Parmi ceux venus écouter les différents orateurs - qui comprenaient notamment, outre Mgr Pizzaballa, le rabbin David Rosen, Karim Asad Ahmad Khan KC, procureur de la Cour pénale internationale, le Dr Einat Kalish Rotem, maire de Haïfa, le Dr. Mansur Abbas, leader de la Liste arabe unie, et Amir Muhammad Sharif Odah, chef de la communauté islamique Ahmadiyya en Terre sainte - beaucoup ont souligné que l’importance de ce type d’événement n’était pas tant liée aux discussions qu’à l’opportunité de rencontre qu’ils créent. «C’est souvent le seul moyen pour des gens de confessions différentes de se rencontrer et de tisser des liens», a déclaré l’une des invitées à la conférence, elle-même militante pour la paix et promotrice d’initiatives interreligieuses en Israël. «L’aspect visuel est également important; il est important pour les gens de voir des juifs, des musulmans et des chrétiens assis les uns à côté des autres et débattant pacifiquement de sujets liés à la foi ou même à la politique.»

On ne peut nier qu’en Terre Sainte, agir de la sorte, c’est déjà faire passer un message. D’autant que dans ce cas précis, certains participants n’ont pas hésité à aborder des sujets plutôt brûlants de manière honnête et directe, ravivant ainsi la lumière parfois faible – mais toujours présente – de l’espoir concernant l’avenir non seulement de la Terre Sainte, mais aussi du reste du monde. Au final, tout en reconnaissant (et en rappelant ce que devraient être) les limites des responsables religieux, tous se sont accordés à dire que ces derniers avaient une «forte responsabilité» vis-à-vis de leurs fidèles et de leurs pairs laïcs, et qu’ils étaient censés toujours incarner, par opposition à la politique, la voix de «l’accueil», de «l’ouverture à l’autre», de la «bonté», de la «justice», et de toutes les valeurs humaines et morales défendues par la plupart des religions du monde.

En guise de conclusion, la conférence s’est achevée par un hommage à la communauté musulmane Ahmadiyya, courant messianique de l’Islam fondé à la fin du 19ème siècle, qui a été succinctement résumée lors de la présentation par les termes suivants: «L’amour envers tous, et la haine envers personne» –  des mots dont beaucoup, que ce soit en Terre Sainte ou ailleurs, pourraient bénéficier.

Remarques de l’éditeur

Source: Patriarcat latin de Jérusalem, 18 mai 2023.