Excellences, chers amis,
C’est un grand honneur d’être parmi vous aujourd’hui pour commémorer la mémoire des victimes de l’Holocauste. Je suis ému et touché par la présence de survivants de l’Holocauste et de leurs familles, qui se sont joints à nous en ligne et en personne. Chacun d’entre vous porte en lui le souvenir de communautés perdues, de vies détruites ou transformées au point d’en être méconnaissables, et de vies reconstruites. Je vous remercie de partager ces souvenirs avec nous et avec le monde.
Nous tous - dirigeants et citoyens - avons la responsabilité d’écouter et d’apprendre de ce que vous avez à dire. Et d’agir en conséquence, en condamnant ces crimes terribles contre notre humanité commune, en nous efforçant d’éradiquer l’antisémitisme et toutes les formes de sectarisme, de haine et d’intolérance, et en trouvant une voie vers un avenir commun, sûr et inclusif pour notre famille humaine.
Cela est particulièrement important dans le monde dangereux et divisé d’aujourd’hui. Et quelques mois à peine après les horribles attaques terroristes du Hamas, qui ont coûté la vie à tant de civils israéliens innocents et de citoyens d’autres pays.
Excellences et amis, chaque année, en ce jour - le jour de la libération d’Auschwitz-Birkenau - nous honorons la mémoire des victimes de l’Holocauste. Nous nous rassemblons dans la solidarité et le chagrin, pour rendre hommage aux six millions d’enfants, de femmes et d’hommes juifs assassinés pendant l’Holocauste. Nous pleurons les Roms et les Sinti. Nous pleurons les millions d’autres personnes torturées, affamées et tuées par les nazis et leurs collaborateurs. Et, aujourd’hui en particulier, conformément au thème de cette année, nous reconnaissons le courage des victimes et des survivants.
L’Holocauste a donné lieu à d’innombrables récits de bravoure et de résilience: de ceux qui ont résisté à la brutalité des nazis par la lutte armée ou la dignité tranquille aux individus, familles et communautés qui ont apporté leur soutien, leur solidarité et même un semblant de normalité face à la déshumanisation, à la privation et à la mort, et aux survivants qui ont eu le courage de raconter leur histoire à un monde qui n’a pas toujours voulu les écouter.
Des phares de bravoure ont brillé dans l’enfer d’Auschwitz lui-même et dans le monde entier, ravagé par l’idéologie et la haine nazies. Je pense à des gens comme Rudolf Vrba, un adolescent slovaque déporté à Auschwitz. Avec Alfred Wetzler, il a réussi l’exploit extraordinaire de s’évader du camp pour avertir le monde des crimes innommables des nazis.
Je pense à Rózà Robota, une jeune femme polonaise, qui a comploté avec d’autres pour détruire les fours crématoires. Elle a été torturée et pendue par les nazis, sans jamais révéler les secrets de la résistance d’Auschwitz dont elle faisait partie.
Et je pense à ces milliers d’actes de courage et de force morale dont nous n’aurons jamais connaissance: les parents qui ont contenu leur terreur pour réconforter un enfant, les prisonniers qui ont risqué la colère des nazis pour accomplir de petits gestes de bienveillance, et les individus qui ont trouvé la force de conserver leur identité, malgré toutes les tentatives de la démolir. Nous nous souvenons et respectons aujourd’hui tous ces actes de bravoure.
Excellences et amis, l’antisémitisme qui a alimenté l’Holocauste n’a pas commencé avec les nazis. Il n’a pas non plus pris fin avec leur défaite. L’Holocauste a été précédé par des milliers d’années de discrimination, d’expulsion, d’exil et d’extermination, y compris par mon propre pays, le Portugal.
Aujourd’hui, nous assistons à la propagation de la haine à une vitesse alarmante. En ligne, elle est passée de la marge au courant dominant. Le négationnisme et les déformations de l’Holocauste prolifèrent.
Il nous appartient à tous de défendre la vérité, et de défendre notre humanité commune. Ensemble, nous devons lutter contre les mensonges et la haine en ligne. Nous devons promouvoir l’enseignement de l’Holocauste, qui constitue un élément essentiel de notre défense contre l’ignorance, l’indifférence et l’intolérance.
Et, surtout, nous devons écouter les survivants et nous souvenir que la diabolisation de l’autre et le mépris de la diversité constituent un danger pour tous, qu’aucune société n’est à l’abri de l’intolérance, voire pire, et que le sectarisme à l’égard d’un groupe est un sectarisme à l’égard de tous. Comme le disait l’ancien grand rabbin du Royaume-Uni, Jonathan Sacks: "La haine qui commence par les juifs ne se termine jamais par les juifs".
Excellences, amis, notre humanité commune est au cœur des Nations Unies. Le racisme et le sectarisme sont une violation de tout ce que nous représentons. Nous sommes déterminés à les combattre sous toutes leurs formes. Pour moi, il s’agit d’un engagement à vie, pour les Nations Unies, il s’agit d’une mission fondamentale.
Et aujourd’hui, elle est plus importante que jamais, surtout après les horribles attentats du Hamas du 7 octobre 2023 qui ont coûté la vie à plus d’un millier d’Israéliens et d’autres personnes, en ont blessé beaucoup d’autres et ont abouti à une brutale prise d’otages. Des otages qui doivent être libérés immédiatement et sans condition.
Au cours des derniers mois, nous avons assisté à une flambée d’antisémitisme et de fanatisme antimusulman dans le monde entier. Chacun d’entre nous doit prendre la résolution de s’opposer aux forces de la haine, de la discrimination et de la division.
Nous devons condamner l’antisémitisme - sans équivoque - chaque fois et partout où nous le rencontrons. Je suis heureux que le Haut-Représentant de l’Alliance des civilisations des Nations unies - M. Miguel Moratinos - soit le point focal des Nations unies pour renforcer les efforts mondiaux de lutte contre l’antisémitisme.
Nous devons également condamner toutes les autres formes de racisme, de préjugés et de sectarisme religieux, y compris la haine antimusulmane et la violence à l’encontre des communautés chrétiennes minoritaires.
Ne restons jamais silencieux face à la discrimination et ne tolérons jamais l’intolérance. Défendons les droits de l’homme et la dignité de tous. Ne perdons jamais de vue l’humanité de chacun et ne baissons jamais la garde.
À tous ceux qui sont confrontés aux préjugés et à la persécution, je dis clairement : vous n’êtes pas seuls. Les Nations unies sont à vos côtés. Et à tous ceux - passés et présents - qui ont eu le courage de partager leur histoire de l’Holocauste, afin que le monde puisse connaître la vérité, je dis: merci.