«Prêcher et enseigner avec amour et respect pour le peuple juif»

L’Église Évangélique Luthérienne d’Amérique (ELCA) a publié sur son site Internet un guide de 56 pages intitulé «Prêcher et enseigner avec amour et respect pour le peuple juif». Le titre cite une phrase clé de la déclaration de 1994 de l’Église à la communauté juive. Provenant du Groupe consultatif sur les relations luthéro-juives et approuvé par la Conférence des évêques, il constitue un document d’enseignement important et une orientation au nom de la dénomination. On y présente dix sujets qui prêtent à des interprétations problématiques dans la tradition chrétienne et pour lesquels on propose une «meilleure» compréhension. Voici, en traduction, l’introduction et un résumé des dix sujets traités (sans leur argumentaire), ainsi qu’un lien pour télécharger le document (en anglais).

1. INTRODUCTION

L’engagement des chrétiens envers les juifs et le judaïsme s’est transformé de manière remarquable depuis le milieu du 20e siècle. Les cours sur la Bible comportent souvent des références à la judéité de Jésus. Les propos ou les actions antisémites suscitent la solidarité et le soutien des chrétiens envers le peuple juif. Des ouvrages d’auteurs juifs sont étudiés dans des groupes de lecture. Des cours de formation à la foi mettent à profit des idées spirituelles de rabbins et de chercheurs juifs, voire de spécialistes juifs du Nouveau Testament. Les calendriers des congrégations comportent des échanges de chaire avec les synagogues voisines, et les classes de confirmation prévoient des visites à des offices de Chabbat.

De manière plus formelle, les organismes ecclésiastiques ont reconnu l’identité permanente du peuple juif en tant que partenaire d’alliance avec Dieu. En 2001, une consultation de la Fédération luthérienne mondiale sur l’antisémitisme a écrit dans sa déclaration finale: «Nous affirmons... la validité de l’alliance de Dieu avec le peuple juif, qui n’a jamais été supplanté». Beaucoup ont également reconnu que l’antijudaïsme chrétien a contribué de manière tragique à l’antisémitisme culturel occidental plus large de la fin du 19e et du début du 20e siècle. En 1994, l’ELCA a rejeté les invectives contenues dans les violentes recommandations de Martin Luther à l’égard des Juifs et elle a exprimé son «désir urgent de vivre notre foi en Jésus-Christ avec amour et respect pour le peuple juif». L’Église et ses dirigeants ont parcouru un long chemin.

S’appuyant sur ces développements, le Groupe consultatif sur les relations luthéro-juives propose ce guide pour aider les prédicateurs et les enseignants à refléter et à incarner ces engagements dans la vie de la congrégation. Les progrès réalisés dans la compréhension de la Bible, de ses premières communautés et du développement de la théologie chrétienne fournissent de nombreuses ressources permettant de créer un cadre fondamental pour aller de l’avant. Un tel cadre peut éclairer de nombreux aspects de notre prédication et de notre enseignement. Il nous permettra de mieux faire face à l’héritage que des approches plus négatives ont laissé dans l’Écriture, la théologie, les attitudes culturelles générales et la forme du lectionnaire dominical.

Dans l’Écriture et la théologie, l’un de ces héritages est un puissant thème de conflit qui affirme que les vérités et les vertus chrétiennes sont à l’opposé de celles du judaïsme. Cela a donné lieu à des idées telles que les suivantes:

a) Puisque Jésus est la lumière du monde, les Juifs sont dépeints comme étant dans l’obscurité.
b) Parce que l’évangile est la liberté, le judaïsme est caractérisé comme légaliste.
c) Jésus s’est disputé avec les Pharisiens, les scribes et les prêtres juifs, de sorte que tout ce qu’ils ont enseigné et défendu a été invalidé.
d) Jésus réalise les espoirs de l’Israël biblique et ses prophéties; par conséquent, le judaïsme est dépassé et mal orienté et ne comprend pas le sens de ses propres Écritures.
e) Jésus nous montre que Dieu est aimant et miséricordieux, contrairement à l’image de Dieu de l’Ancien Testament, colérique et violent.
f) La terre promise est devenue un foyer spirituel ou bien une réalité qui existe là où se trouve le Christ; les Juifs se trompent donc lorsqu’ils s’investissent dans une patrie terrestre et cherchent à assurer son bien-être.
g) Les chrétiens apprennent la justice des prophètes de l’Israël biblique; les Juifs devraient donc avoir un sens plus élevé de la justice et un engagement plus profond à son égard que les autres peuples.

L’effet rhétorique produit par ces images est fort, mais il est injuste pour ceux qui se trouvent du «mauvais» côté du contraste.

Les stéréotypes courants sur les Juifs et le judaïsme sont un autre héritage qui peut déformer le message chrétien lorsque les gens l’entendent. Comme les stéréotypes fonctionnent inconsciemment, même chez les personnes qui les rejettent explicitement, nous devons être attentifs aux images qui peuvent les activer. Par exemple:

a) Un stéréotype veut que les Juifs soient riches et se focalisent sur l’argent. Comment cela peut-il influencer l’écoute des paraboles du «riche insensé» (Luc 12,16-21) ou du «pharisien et du publicain» (Luc 18,10-14)? Lorsque l’Évangile de Jean dit que Judas «était un voleur» (Jean 12,6), entendons-nous la mise en accusation d’une personne ou un portrait familier – et faux – des Juifs en général?

b) Un stéréotype veut que les Juifs soient arrogants quant au fait d’être choisis, séparés et exclusifs. Ce stéréotype ne nous aide pas à comprendre les actions des prêtres dans la parabole du bon Samaritain (Luc 10,25-37). Il peut également influencer ce que les gens entendent dans les histoires de conflit entre Jésus et les Pharisiens au sujet des compagnons de repas et du lavage des mains, ou dans les discussions sur «la terre promise».

L’Église chérit l’Écriture, la tradition et la théologie confessionnelle en tant que sources et normes dans sa vie et son travail. Nous ne pouvons pas simplement supprimer de notre héritage les images et les formulations qui ont donné lieu à ces héritages troublants. En comprenant plus complètement et plus clairement ce qui est essentiel à l’héritage et ce qui s’y est attaché ou en est issu de manière troublante, nous pouvons façonner des modèles de théologie plus généreux, constructifs et fondés sur l’Évangile pour guider notre pensée et notre pratique dans l’Église et dans le monde.

Des pasteurs, des universitaires et des professionnels du domaine interreligieux, tant juifs que chrétiens, ont consacré des décennies de recherche et de dialogue à l’étude de ces héritages. Leurs travaux constituent la base indispensable de tout ce que nous présentons ici. Nous reconnaissons leurs contributions dans la bibliographie des diverses sections et dans un ensemble de ressources de base rassemblées à la fin du guide.

Le guide présente dix sujets répartis en deux grandes catégories. Les six premiers sujets traitent de questions qui découlent directement de l’Écriture dans son développement et son interprétation. Ce sont:

1. Le langage prophétique.
2. Pharisiens, scribes, prêtres et anciens juifs.
3. Jésus et la loi juive dans les évangiles.
4. Le cadre historique des évangiles.
5. Paul parmi les Juifs et les païens – et les lectures ultérieures de Paul.
6. Les judaïsmes du premier siècle et du 21e siècle.

Les quatre derniers thèmes abordent les questions qui émergent de l’élaboration théologique du témoignage de l’Écriture, avec une attention particulière aux thèmes de la théologie luthérienne et à la structure et la dynamique du Lectionnaire commun révisé. Ces thèmes sont les suivants:

7. Loi et évangile; promesse et accomplissement.
8. Là où le péché divise.
9. La rhétorique de l’ancien et du nouveau de la lettre aux Hébreux.
10. La dynamique trompeuse du lectionnaire

Tout au long des discussions, deux événements apparaissent de manière récurrente comme centraux dans l’approche de ces sujets. Premièrement, la destruction du Temple de Jérusalem par les Romains en 70 de notre ère a eu un impact considérable sur les communautés juives de Judée, de Galilée et du reste du monde, y compris sur les premières communautés du mouvement de Jésus. La compréhension de cet impact influe sur notre compréhension des écrits de l’apôtre Paul et sur la formation des évangiles. Deuxièmement, l’ascendant du christianisme, devenu la religion officielle de l’empire romain au cours du quatrième siècle de notre ère, a conduit les théologiens de l’Église à revoir leur conception des Juifs et du judaïsme. Cela a également modifié leur conception du «royaume de Dieu» et a jeté les bases d’un antagonisme religieux, politique et culturel à l’égard des Juifs et du judaïsme qui a influencé les idées occidentales jusqu’à nos jours. Lorsque nous plaçons plus explicitement l’héritage de l’Église dans le contexte de ces événements décisifs, nous obtenons une perspective utile pour discerner l’Évangile au cœur de cet héritage. Nous sommes alors mieux en mesure de mettre l’accent sur l’Évangile, en nous efforçant de remonter au-delà des remaniements problématiques de celui-ci.

Dans chacun des dix domaines, on trouve une brève description de la manière «problématique» de comprendre le sujet. Elle est suivie d’un résumé d’une «meilleure» compréhension. La discussion qui suit fournit des données et des arguments qui sous-tendent la meilleure compréhension et, souvent, des exemples de la manière dont elle s’applique à des textes bibliques et des points de théologie spécifiques. Des encadrés fournissent quelques précisions complémentaires et des citations de textes bibliques. Enfin, un résumé de «ce que nous pouvons faire» conclut chaque section, auquel s’ajoute une bibliographie pertinente pour référence.

Nous avons conçu chaque thème de manière à ce qu’il soit accessible individuellement; il n’est pas nécessaire de lire le guide comme un ouvrage complet du début à la fin. En effet, il n’est pas complet; les questions en jeu vont au-delà de ce que nous avons inclus ici. Grâce aux index de l’Écriture et du lectionnaire qui se trouvent à la fin, les lecteurs peuvent repérer dans le guide les sujets et les passages de l’Écriture qui peuvent présenter un intérêt particulier pour un sermon, un cours ou une discussion donnés, et se rendre directement à la section qui traite du sujet en question. Pour cette raison, certains thèmes clés reviennent tout au long du guide. Nous vous demandons de faire preuve d’indulgence lorsque cela peut devenir fastidieux ou redondant.

En élaborant ce guide pour vivre notre foi en Jésus-Christ «avec amour et respect pour le peuple juif», nous avons pris conscience de la manière dont l’héritage d’attitudes négatives de l’Église à l’égard de la communauté juive est lié à des modèles plus larges de relations avec les autres. Le guide indique des habitudes de prise de conscience, de prudence et de discernement que nous pouvons développer pour soutenir les efforts visant à donner une image plus exacte des Juifs et du judaïsme et à établir des relations plus courtoises avec la communauté juive. Les mêmes habitudes peuvent souvent faciliter nos engagements avec d’autres communautés qui sont différentes de la nôtre d’une manière ou d’une autre. Nous espérons que les approches que nous présentons ici  pourront contribuer quelque peu à la vie de l’Église dans ces autres contextes.

Le Groupe consultatif sur les relations luthéro-juives a bénéficié des encouragements et du partenariat de dizaines de collègues juifs et chrétiens de tous horizons qui ont revu des parties ou des versions complètes de ce guide. Nous leur sommes reconnaissants pour leur investissement dans cet effort et pour les nombreuses améliorations que leurs conseils ont permis d’obtenir. Le personnel chargé des relations œcuméniques et interreligieuses et du discernement théologique au sein du bureau de l’évêque président de l’ELCA a soutenu et défendu sans relâche ce projet, contribuant à la fois à son contenu et à son processus d’élaboration.


2. Résumé des dix thèmes du guide

1. Le langage prophétique

PROBLÉMATIQUE: Les prophètes reprochent à l’Israël biblique son péché et son injustice persistants, tandis que Jésus montre un engagement chrétien approprié envers la justice.

MIEUX: Nous tous, en tant que peuple de la création de Dieu, nous écartons tous des voies de Dieu, et autant les prophètes que Jésus nous mettent au défi de voir comment l’idée que Dieu a de la justice peut devenir notre vision de la société.

2. Pharisiens, scribes, prêtres et anciens juifs

PROBLEMATIQUE: Les opposants juifs à Jésus dans les récits évangéliques sont caractéristiques du judaïsme en général. Jésus montre la meilleure compréhension, chrétienne, de Dieu et de la foi.

MIEUX: Comme de nombreux chefs religieux, Jésus s’est heurté à d’autres membres de sa propre communauté religieuse et ses adeptes se sont souvenus de lui comme d’une figure héroïque. Les personnages de l’Évangile qui s’opposent à lui dans les récits représentent des alternatives et des insistances légitimes qui nous interpellent encore aujourd’hui.

3. Jésus et la loi juive dans les évangiles

PROBLÉMATIQUE: Jésus est venu pour se débarrasser de la loi juive, qui avait été un guide temporaire (au mieux) ou un fardeau mortel (au pire) pour les Juifs.

MIEUX: Lorsque Dieu réclame un peuple, qu’il soit juif ou païen, un certain style de vie idéal caractérisera la relation de celui-ci avec Dieu. Les désaccords sur le style de vie sont inévitables, et les gens ne seront pas d’accord sur l’importance du style de vie pour construire ou exprimer la relation. Jésus connaissait et vivait le style de vie juif incarné par la Loi (Torah), soulignait la priorité de la relation avec Dieu et débattait des pratiques de la vie juive qui témoignaient le mieux de cette relation. Il n’a jamais rejeté la Torah en principe en tant que guide provenant de Dieu en vue de la vie.

4. Le cadre historique des évangiles

PROBLÉMATIQUE: Dieu a envoyé Jésus pour corriger et achever ce que Dieu avait commencé dans l’Israël biblique. Le judaïsme de l’époque de Jésus avait déformé l’alliance de Dieu pour en faire un fardeau mortel, que Jésus a éliminé en montrant et en étant ce que Dieu avait vraiment voulu que l’alliance soit.

MIEUX: En tant que Verbe de Dieu fait chair, dont l’esprit conduit l’Église dans toute la vérité (Jean 3,14; 14,26; 16,13), Jésus s’adresse à chaque génération dans un langage et avec des images qui ont un sens spécifique pour leur époque. Il en va de même pour la Parole de Dieu lorsqu’elle s’adresse à l’Israël biblique et lorsqu’elle s’adresse à la communauté juive (et aux autres) aujourd’hui. Les différences entre les mots que les diverses communautés entendent comme la Parole de Dieu n’exigent pas un choix entre eux mais peuvent être comprises comme développant et élargissant notre compréhension de la Parole de Dieu. Ainsi, nous comprenons, par exemple, la valeur de quatre évangiles différents et de 150 psaumes différents; et ainsi, nous pouvons commencer à apprécier les différentes conceptions de l’alliance que nous trouvons dans l’Ancien et le Nouveau Testament et dans les communautés actuelles du peuple de Dieu.

5. Paul parmi les Juifs et les païens – et les lectures ultérieures de Paul

PROBLÉMATIQUE: La loi juive a été donnée au Mont Sinaï et élaborée dans la "loi orale" qui est devenue le Talmud et le système de la halakha - les règles que les Juifs doivent suivre. Ce système était au mieux temporaire et au pire exclusiviste, élitiste et oppressif. Paul s’est converti du judaïsme pour annoncer la bonne nouvelle que la foi en Jésus-Christ se substitue à toute loi, et à la loi juive en particulier. Seule la foi en Christ peut sauver les Juifs ou quiconque.

MIEUX : Le style de vie juif décrit dans la Torah du Mont Sinaï et développé dans la loi orale est le don de vie par Dieu aux Juifs. Dieu a racheté le peuple d’Israël de l’esclavage en Égypte, où il avait été le peuple du Pharaon. La révélation de la Torah est venue comme une réponse à la question: "Comment allons-nous vivre, maintenant que nous sommes le peuple de Dieu?" Pour Paul, elle demeure "sainte, juste et bonne" (Romains 7,12), "spirituelle" (7,14) et quelque chose dans lequel Paul trouve "plaisir" (7,22). Pour les Gentils, les non-juifs, Dieu a exercé le même modèle de rédemption, en faisant d’eux le peuple de Dieu, par la mort et la résurrection de Jésus. De même que les Juifs sont guidés par l’esprit de Dieu dans le style de vie de la Torah, les Gentils sont guidés par les dons de l’Esprit (Galates 5, 22.25) dans le style de vie – ou loi – de l’amour (Galates 5,14; Romains 13, 8-10; 1 Corinthiens 13).

6. Les judaïsmes du premier siècle et du 21e siècle

PROBLÉMATIQUE: Le judaïsme dépeint dans le Nouveau Testament reste essentiellement le même que celui d’aujourd’hui. Même si les détails ont changé avec le progrès et le passage du temps, le cœur de la religion est le même. Ce que le Nouveau Testament conteste et critique dans les figures juives peut encore être imputé catégoriquement aux Juifs et au judaïsme d’aujourd’hui, y compris dans leur vie nationale en tant qu’État d’Israël.

MIEUX: Les Juifs et le judaïsme dans le Nouveau Testament sont des personnages dans des histoires écrites par des personnes, le plus souvent d’autres juifs, qui n’étaient pas d’accord avec ce qu’ils représentaient sur certains points clés concernant Dieu, Jésus et une vie fidèle. Les auteurs décrivaient souvent ces personnages de manière à souligner les désaccords et à conforter leurs propres idées comme correctes. Nous devons faire preuve de prudence lorsque nous présentons l’image du Nouveau Testament comme adéquate, ou représentative, même des Juifs et du judaïsme de son époque.

En outre, le judaïsme s’est développé de bien des façons et dans plusieurs grandes directions au cours des 2 000 ans qui se sont écoulés depuis la rédaction du Nouveau Testament. En particulier, la communauté juive que nous pourrions considérer comme "la plus traditionnelle" ou la plus représentative du judaïsme ancien, les ultra-orthodoxes et les hassidim, s’est en fait cristallisée en réponse à une communauté juive "modernisée" il y a moins de 200 ans. De même, une autre figure qui pourrait représenter "les Juifs" dans notre esprit est l’État d’Israël, qui est diversifié et multiethnique. Nous agissons correctement en respectant le judaïsme en tant que communauté vivante et dynamique, aujourd’hui et à travers les âges, et en considérant les Juifs du Nouveau Testament comme des personnages dessinés par les auteurs du Nouveau Testament pour servir les théologies chrétiennes.

7. Loi et évangile; promesse et accomplissement

PROBLÉMATIQUE: Dieu a conclu avec l’Israël biblique une alliance qui s’est concrétisée dans la loi juive. Parce qu’Israël n’était pas fidèle à la loi et que tous les hommes sont "esclaves du péché", Dieu a envoyé Jésus, qui accomplit la loi et toutes les promesses de Dieu et qui est mort pour sauver tous les hommes de leurs péchés. Ainsi, la loi juive a été remplacée par le commandement d’amour de Jésus et tout le monde doit croire en Jésus pour être juste – correct avec Dieu.

MIEUX: Dieu est amour et la grâce de Dieu permet à tous de vivre une relation avec Dieu (appelée "foi"). La puissance de Dieu rachète les gens de puissances plus grandes qu’eux et qui ne sont pas Dieu. Ainsi, Dieu a racheté Israël d’Égypte. C’est un évangile, une bonne nouvelle. Dieu a également fait à Israël le don de la Torah pour façonner sa vie de foi, dont Dieu a promis à Abraham qu’elle serait une bénédiction pour tous les peuples.

En Jésus, Dieu rachète du pouvoir du péché, tout comme il a racheté du pouvoir de Pharaon. De même, Dieu a établi une relation - la foi - avec tous ceux qui sont rachetés du péché et a donné en Jésus un modèle d’amour sacrificiel pour façonner la vie des rachetés.

De même que Dieu a été fidèle aux promesses faites à Israël, de même il sera fidèle aux promesses faites à tous ceux qui sont rachetés du péché. "Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables" (Romains 11,29). Le péché n’est pas le point de départ essentiel pour comprendre les voies de la rédemption et de l’alliance de Dieu; le point de départ est l’amour et la grâce de Dieu, qui créent la relation de foi avec Abraham (Romains 4,9-25) et avec tous ceux que Dieu rachète. Jésus a accompli les promesses de Dieu à Israël en ce sens que sa vie, sa mort et sa résurrection ont confirmé le caractère des promesses et les ont fait connaître à tous les peuples. En même temps, elles peuvent encore être accomplies dans l’expérience de la communauté juive, ainsi que d’autres enfants de Dieu, d’autres manières.

8. Là où le péché divise

PROBLÉMATIQUE: Nous sommes appelés à être comme Marie, et non comme Marthe, à prêter attention à la Parole vivante de Jésus plutôt qu’à nous soucier des détails d’un comportement correct et à vivre selon une norme arbitraire. Nous devons nous repentir comme Pierre et non trahir et désespérer comme Judas. Dieu veut que nous nourrissions, habillions, accueillions et visitions "les plus petits", comme le font les brebis de Matthieu 25, et non que nous les ignorions comme le font les boucs.

MIEUX: En chacun de nous, il y a une Marie et une Marthe, un Pierre et un Judas, une chèvre et une brebis. Ce n’est que par la grâce de Dieu que la partie la plus fidèle de nous-mêmes émerge pour être une bénédiction pour le monde. Et même dans ce cas, comme la brebis, il se peut que nous ne nous en rendions pas compte quand cela se produit. Dans nos meilleurs jours, nous restons quand même fondamentalement pécheurs, comptant sur la grâce et le pardon de Dieu pour prendre notre prochain souffle.

9. La rhétorique de l’ancien et du nouveau de la lettre aux Hébreux

PROBLÉMATIQUE: La lettre aux Hébreux est un traité théologique sur la supériorité de Jésus sur presque tous les personnages et symboles significatifs de l’Israël biblique. L’auteur démontre de manière convaincante l’ascendant du christianisme sur le judaïsme, qui est devenu obsolète et est destiné à disparaître.

MIEUX: La lettre aux Hébreux est un long message d’encouragement à une communauté qui perd espoir et qui a du mal à persévérer. Ce qu’ils espèrent, c’est un monde nouveau, qui remplacera le monde actuel et sera plus excellent à tous égards. Les personnages clés de l’Israël biblique ont fait preuve de foi et de persévérance dans leur espérance des promesses de Dieu, même dans ce monde; ils sont les modèles de la communauté actuelle des "Hébreux", qui persévèrent dans une espérance tournée vers un nouveau "monde à venir".

10. La dynamique trompeuse du lectionnaire

PROBLÉMATIQUE: Il y a un dialogue interne dans l’Écriture qui pointe constamment vers le Christ comme étant la clé du plan ultime et salvifique de Dieu pour le monde. Que ce soit par association ou par contraste, les lectures du lectionnaire, en particulier celles de l’Ancien Testament et des évangiles, forment une unité qui met l’accent sur Jésus-Christ comme la révélation finale et définitive de la volonté de Dieu.

MIEUX: L’utilisation d’images et de figures similaires dans l’Ancien Testament et le Nouveau Testament, en particulier dans les évangiles, offre la possibilité de voir Dieu à l’œuvre de manière similaire à travers différentes époques et communautés. Dans le passé, les schémas du lectionnaire ont parfois faussé notre vision en la faisant basculer vers un contraste qui donne une image négative de l’Israël biblique et de notre idée du judaïsme. Nous devons briser ces schémas par une lecture et une interprétation attentives, afin que la bonne nouvelle de Jésus-Christ n’implique pas ou n’entraîne pas une mauvaise nouvelle pour le peuple juif.

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POUR TÉLÉCHARGER LE DOCUMENT COMPLET:
Preaching and Teaching “With Love and Respect for the Jewish People”

Remarques de l’éditeur

Source : Église Évangélique Luthérienne d’Amérique.