Les organisations membres de l’ICCJ se réunissent à Varsovie

Une réunion de représentants d’organisations membres du Conseil international des chrétiens et des juifs (ICCJ) s’est tenue à Varsovie du 29 juin au 2 juillet 2025. Des délégués de 23 pays se sont rencontrés pour échanger sur le dialogue judéo-chrétien et réaffirmer leur vision de l’harmonie interreligieuse mondiale.

 

Grâce à un programme alliant connaissances académiques, engagement pratique et immersion culturelle, les participants ont partagé les défis auxquels ils sont confrontés et exploré de nouvelles stratégies pour améliorer leur travail interreligieux, tout en reconnaissant la complexité des histoires qui le façonnent.

Kasia Kowalska, sœur de Sion et vice-présidente de l’ICCJ, a organisé l’événement avec le Conseil polonais des chrétiens et des juifs. Elle s’est réjouie de pouvoir partager la culture et l’histoire de son pays avec les représentants des organisations membres de l’ICCJ lors d’une rencontre marquée par des échanges attentifs et une communion des cœurs.

Remise du Prix Seelisberg 2025 à la professeure Barbara U. Meyer

L’événement s’est ouvert par la remise du Prix Seelisberg 2025 à la professeure Barbara U. Meyer de l’Université de Tel Aviv, auteure de plusieurs ouvrages sur les relations judéo-chrétiennes, dont Jesus the Jew in Christian Memory. Theological and Philosophical Explorations (Cambridge University Press, 2020).

Au cours de cette session inaugurale, la professeure Meyer a présenté une conférence intitulée «Shabbat et dimanche – du déshéritement à la reconnaissance», proposant de riches réflexions théologiques et historiques sur la relation entre les pratiques juives et chrétiennes et sur l’évolution de ces traditions au fil du temps.

Apprendre par la pratique

Les participants ont eu l’occasion d’apprendre les uns des autres grâce à une série d’ateliers. Sœur Kasia Kowalska et Ben Kamine ont animé une séance sur «Le raisonnement scripturaire», une pratique qui permet à des personnes de différentes confessions religieuses de réfléchir ensemble sur des textes sacrés afin de favoriser la compréhension et les relations sans rechercher d’accord sur des questions théologiques.

Mark Walsh, associé à Sion, a coanimé une séance avec Emmanuel Nathan (Université catholique australienne) sur l’approche d’écoute profonde, au cœur du rassemblement interreligieux «Heads, Hearts and Hands» («Têtes, cœurs et mains») organisé à Melbourne au début de l’année. Ils ont exploré la méthode et les possibilités qu’elle offre pour le dialogue judéo-chrétien. «Créer des espaces où chacun peut écouter avec un esprit et un cœur ouverts, en reconnaissant l’importance de l’histoire de chacun, peut nous ouvrir à la possibilité du changement», a expliqué Mark Walsh.

D’autres ateliers ont porté sur l’histoire et la présence de la communauté juive en Pologne au cours des siècles, durant la période nazie, et après la Shoah. On a également abordé la situation en Israël et en Palestine.

Selon Liliane Apotheker, ex-présidente de l’ICCJ, les ateliers sur le travail de mémoire en Pologne ont fait voir la difficulté de partager une mémoire quand elle est très douloureuse, même si l’amitié entre personnes concernées est forte. «Je pense que c’est une leçon très profonde aussi pour ce que nous avons et aurons à vivre» a-t-elle ajouté.

Retracer la mémoire, honorer les vies

Le rassemblement s’est déroulé dans des lieux chrétiens et juifs de Varsovie, reflétant le paysage interconfessionnel de la ville et l’engagement œcuménique et interreligieux de l’ICCJ. Des réunions ont eu lieu notamment au Centre luthérien et à la synagogue progressiste Etz Chaim de Varsovie.

Dans le cadre du programme culturel, les participants ont visité des musées, des églises, des synagogues et des cimetières juifs et chrétiens. Le groupe s’est rendu sur le site du ghetto de Varsovie et à d’autres endroits associés à l’Holocauste, découvrant ainsi la mémoire vivante de la communauté juive de Pologne.

Juifs et chrétiens ont commémoré ensemble la mémoire douloureuse du ghetto, du soulèvement et de sa destruction devant le monument des héros du ghetto. Stanislas Krajewski, coprésident du Conseil Polonais des Chrétiens et des Juifs (organisation membre de l’ICCJ) a invité des participants à lire des psaumes en hébreu et en anglais et Anette Adelmann, secrétaire générale de l’ICCJ, a prononcé un discours bouleversant sur l’incapacité des mots à dire la réalité de ce vécu.

Les délégués ont aussi rencontré le grand Rabbin de Pologne, Michael Schudrich, dans sa synagogue, la synagogue Nozykow construite en 1902 et toujours utilisée. Le grand rabbin a évoqué la particularité de cette communauté, dont la présence témoigne d’un riche passé. Le territoire polonais était le cœur du judaïsme européen: plus de trois millions de Juifs y vivaient et ceci depuis plusieurs siècles.

La force de la communauté dans les moments difficiles

Le rabbin David F. Sandmel, président de l’ICCJ, écrivait dans son message de Pessah et Pâques 2025: «Nous aimons parler du réseau de l’ICCJ comme d’une ‘famille’ ou d’une ‘communauté’». Faisant référence au contexte mondial actuel, il ajoutait: «Quand le sol semble se dérober sous nos pieds, retrouver sa famille et ses amis et expérimenter le soutien d’une communauté donne de l’espoir (…) S’ancrer dans une communauté constitue une réponse positive dans les moments difficiles»[1].

Les participants à cette «réunion de famille» sont rentrés chez eux avec de nouvelles connaissances sur la manière dont diverses communautés religieuses affrontent l’histoire, et avec un sens renouvelé de leur engagement futur dans le dialogue interreligieux.

L’ICCJ a d’ailleurs rédigé une déclaration réaffirmant son engagement en faveur du dialogue, incluant des mesures concrètes pour le renforcer. Les personnes, organisations et institutions qui ont à cœur l’amitié interreligieuse sont invitées à lire et à approuver cette déclaration sur le site web de l’ICCJ.

La prochaine conférence de l’ICCJ aura lieu à Hanovre, en Allemagne, du 12 au 16 juillet 2026.

[1] David F. Sandmel, «ICCJ President's Greeting for Pesach and Easter 2025», 11 avril 2025.

Remarques de l’éditeur

D’après les comptes rendus des Sœurs de Notre Dame de Sion et du Dicastère pour la promotion de l’unité chrétienne et d’informations recueillies auprès de Liliane Apotheker et de Philip Cunningham.