Les Églises de Jérusalem s’opposent à l’inclusion du Mont des Oliviers dans un parc national

Un projet israélien visant à inclure le Mont des Oliviers dans les limites d’un parc national a fait réagir les représentants des trois principales confessions gardiennes des Lieux saints chrétiens de Jérusalem. Pour eux, un objectif précis préside à ce projet: confisquer l’un des sites plus chers au cœur de millions de chrétiens et en altérer la nature.

Ce projet, porté par l’Autorité israélienne de la nature et des parcs (INPA), prévoit d’étendre les limites du parc national des murailles de Jérusalem –ouvert dans les années 1970­– au Mont des Oliviers, ainsi qu’à certaines parties de la vallée du Cédron et du Hinnom. Il devait être soumis à l'approbation de la municipalité hiérosolomytaine le 2 mars 2022.

Un projet visant à "confisquer et nationaliser" le Mont des Oliviers

Mais les autorités chrétiennes n’ont pas attendu cette date pour manifester leur vive inquiétude et présenter leurs objections. Dans une lettre envoyée le 18 février au ministère israélien de l’Environnement, le père Francesco Patton, Théophile III, et Nourhan Manougian –respectivement custode de Terre Sainte, patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem et patriarche arménien de Jérusalem­– rappellent que le mont des Oliviers représente l’un des lieux les plus sacrés du christianisme. S’y trouvent aujourd’hui plusieurs églises et sites commémorant des épisodes importants de la vie et de la Passion du Christ –le jardin de Gethsémani et la basilique de l’Agonie, le Dominus Flevit, ou encore le carmel du Pater–, visités chaque année par des millions de pèlerins. «Nos églises travaillent sans relâche pour préserver le caractère sacré de la montagne et son accessibilité», écrivent les trois responsables.

«Ces dernières années, nous ne pouvons nous empêcher de penser que diverses entités cherchent à minimiser, pour ne pas dire éliminer, toute caractéristique non juive de la ville sainte en tentant de modifier le statu quo sur cette sainte montagne», font-ils remarquer. Ce projet aurait d’ailleurs été «orchestré et promu» par ces «entités», «dont le but apparent est de confisquer et de nationaliser l’un des sites les plus sacrés du christianisme et d’en altérer la nature», soulignent les trois signataires qui fustigent une «mesure brutale», «une attaque directe et préméditée contre les chrétiens de Terre Sainte», leurs Églises et leurs droits internationalement reconnus.

Liens entre l'INPA et des groupes nationalistes

En conclusion de cette lettre –également envoyée à plusieurs consuls et ambassadeurs en poste à Jérusalem– les représentants des trois confessions implorent le ministère de l’Environnement de retirer ce projet, mais aussi «de prendre toutes les mesures nécessaires pour que l'INPA remplisse son mandat loin de toute considération politique et idéologique qui ne serait pas strictement liée à sa mission, à savoir la promotion et la protection de la nature

L’organisme mis en cause a défendu le bien-fondé de son initiative, qui ne viserait, selon lui, qu’à sauvegarder le patrimoine naturel et historique de la ville sainte, sans affecter les droits de propriété des particuliers et des institutions chrétiennes. L’INPA n’en a pas moins annoncé la suspension du projet dans un communiqué publié le 22 février: «Il n'y a aucune intention de faire avancer le plan au sein du comité de planification, et il n'est pas prêt à être discuté sans coordination et communication avec tous les responsables concernés, y compris les Églises».

L’ambassade d’Israël auprès du Saint Siège a aussi confirmé que le projet israélien d’inclure la zone du Mont des Oliviers dans le Parc Naturel National des Murs de Jérusalem «ne sera pas réalisé sans la participation de toutes les parties intéressées, y compris, bien sûr, les Églises de la zone». Mais il semble qu’il ne s’agit pas là d’un retrait définitif du projet.

Ce n’est pas la première fois que l’INPA est sous le feu des critiques. En cause: ses accointances avec des mouvances nationalistes juives très actives, qui, sous couvert de protection de l’environnement, travailleraient à réduire progressivement la présence palestinienne dans la partie orientale de Jérusalem. Selon plusieurs observateurs, ce projet d’extension participerait de ce plan.