L’Assemblée générale des Nations Unies réitère sa condamnation de tout déni de l’Holocauste
Le 26 janvier 2007, à la veille de la Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste, l’Assemblée générale des Nation Unies a adopté une résolution qui « condamne sans réserve tout déni de l’Holocauste et engage vivement tous les États Membres à rejeter sans réserve le déni de l’Holocauste en tant qu’événement historique, qu’il soit total ou partiel, ou toute activité menée en ce sens »1.
La résolution a été présentée par le représentant des États-Unis au nom de 103 des 192 États Membres de l’Assemblée générale. Elle a été adoptée par consensus avec les réserves de la République islamique d’Iran. Le représentant de ce pays a expliqué sa position tout comme ses homologues de l’Égypte, de l’Indonésie, du Venezuela, d’Israël, de l’Allemagne, au nom de l’Union européenne, de la Fédération de Russie, des États-Unis et du Costa Rica.
La Présidente de l’Assemblée générale, SHEIKHA HAYA RASHED AL KHALIFA, a jugé que le texte est un rappel fort de l’opposition de l’Assemblée générale à toute forme de crime contre l’humanité. Pour la dignité de toute l’humanité, nous devons renforcer notre résolution à prévenir de telles atrocités, quels que soient le lieu ou le moment. Il faut, a-t-elle encore souligné, tirer une leçon des paroles d’Edmund Burke qui a dit: « Tout ce qu’il faut pour que le mal triomphe, c’est que les hommes de bonne volonté ne fassent rien ».
Le 27 janvier a été proclamé Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste par une résolution du 1er novembre 20052, qui faisait observer que la mémoire de l’Holocauste est essentielle pour prévenir de futurs actes de génocide. « Ignorer l’historicité de ces terribles évènements accroît le risque qu’ils se reproduisent », ajoute le préambule du texte adopté le 26 janvier 2007.
Se dissociant de cette nouvelle résolution, le représentant de l’Iran, M. HOSSEIN GHARIBI, a estimé qu’elle aurait dû faire également mention des génocides de Nagasaki, d’Hiroshima, des Balkans et du Rwanda. Les génocides ont marqué l’histoire de l’humanité, a-t-il dit, en rejetant toute démarche visant à restreindre l’examen historique de ces tragédies. La conférence sur la réalité de l’Holocauste que son pays a organisée les 11 et 12 décembre 2006 a été vivement critiquée, ainsi que les propos tenus régulièrement par le Président iranien sur le droit d’exister de l’État juif.
M. MAGED A. ABDELAZIZ, représentant de l’Égypte, s’est joint au consensus pour souligner que l’Holocauste est une des périodes les plus sombres de l’histoire de l’humanité. L’adoption de la résolution est un nouveau rappel que la seule manière d’éviter ce crime est de renforcer une culture de paix, de coexistence ou de prévention de la souffrance des autres. Les souvenirs douloureux de l’Holocauste doivent rappeler l’importance de lutter contre le racisme, l’intolérance et la xénophobie sous toutes leurs formes. Toute politique d’intolérance coûtera cher à l’humanité, a prévenu le représentant.
Pour le porte-parole d’Israël, M. DAN GILLERMAN, cette résolution traduit le fait que les leçons de l’Holocauste sont universelles. La Shoah, a-t-il dit, constitue un avertissement pour tous les peuples des profonds dangers de la haine, du totalitarisme et du racisme. Les leçons de la Shoah ne peuvent être portées seulement par le peuple juif. La résolution d’aujourd’hui rappelle à ceux qui nient l’Holocauste qu’ils ne peuvent échapper à la vérité, a-t-il dit.
M. THOMAS MATUSSEK, représentant de l’Allemagne, s’exprimait au nom de l’Union européenne. Il a noté que l’Union européenne et les Nations Unies étaient le fruit de « la catastrophe de la guerre et du génocide ». Les peuples, selon lui, ont alors été mobilisés par la ferme résolution que cela ne se reproduise jamais plus. En commémorant l’Holocauste, a-t-il poursuivi, nous réaffirmons notre responsabilité de combattre l’antisémitisme, le racisme et toute forme d’intolérance politique, ethnique ou religieuse.
Au nom des Etats-Unis, M. ALEJANDRO D. WOLFF a précisé que la vraie intention de cette résolution, n’est pas d’interdire la réflexion intellectuelle mais bien de prévenir la résurgence de telles tragédies. Le représentant a dit déceler un lien entre le déni de l’Holocauste et le refus de voir Israël exister. Pour étayer ses propos, il a cité la teneur de la conférence organisée par l’Iran et les propos tenus, à plusieurs reprises, par son Président.
La commémoration 2007 des Nations Unies en mémoire des victimes de l’Holocauste veut souligner l’importance de transmettre les leçons de l’histoire aux plus jeunes générations pour prévenir la haine, la bigoterie, le racisme et les préjugés. Un nouveau site Internet « Notes électroniques », lancé à cette occasion par le Département de l’information des Nations Unies, fournira des informations aux États Membres de l’Organisation ainsi qu’aux enseignants et aux ONG dans le cadre d’un programme de sensibilisation du public mis au point par le Yad Vashem, organisme de souvenir des martyrs de l’Holocauste et le Shoah Foundation Institute for Visual History and Education et le Mémorial de la Shoah à Paris, qui a produit la version française de ce site3.
(Basé sur des communiqués et compte rendus)
Notes
- Résolution A/61/L.53 disponible sur le site de l’ONU à l’adresse suivante : http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/LTD/N07/218/57/PDF/N0721857.pdf?OpenElement
- Résolution A/RES/60/7 disponible sur le site de l’ONU à l’adresse suivante : http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/LTD/N05/572/71/PDF/N0557271.pdf?OpenElement Voir l’article « Célébration de la première Journée internationale en mémoire des victimes de l"Holocauste » (http://jcrelations.net/fr/?item=2627&from=rss)
- Le site est accessible à l’adresse suivante: http://www.un.org/holocaustremembrance.