L’AJCF entendait ainsi honorer en Haïm Korsia une personnalité engagée, à la suite de Jules Isaac et du Grand Rabbin Jacob Kaplan, dans une oeuvre de paix et de réconciliation.
Haïm Korsia est depuis longtemps un acteur infatigable du dialogue entre juifs et chrétiens en France. Il a, entre autres, participé pendant de nombreuses années à l’émission «Les Enfants d’Abraham» sur la chaîne de télévision Direct 8. En 2013, il a participé à la conférence annuelle du Conseil International des Chrétiens et des Juifs (ICCJ) à Aix-en-Provence où il a dialogué avec Mgr Claude Dagens sur le thème de la laïcité. En 2016, lors de la session «Juifs et cathos ensemble» à Paray-le-Monial, il était en dialogue avec le Cardinal Philippe Barbarin.
En 2022, il a participé à la rencontre internationale interreligieuse pour la Paix que la Communauté de Sant’Egidio organise chaque année. Le 23 octobre, lors de la séance d’ouverture «Le cri de la paix - Religions et cultures en dialogue», il est intervenu avec le fondateur de Sant’Egidio, Andrea Riccardi, le Président de la République française Emmanuel Macron, et le Président de la République italienne, Sergio Mattarella.
Haïm Korsia est l’auteur de nombreux ouvrages. Outre la biographie du Grand Rabbin Jacob Kaplan, Être juif et français: Jacob Kaplan, le rabbin de la République (2006), on compte plusieurs livres en dialogue, Paroles d’Alliance, dialogue avec le Pasteur François Clavairoly (2010) et Les Enfants d’Abraham, un chrétien, un juif et un musulman dialoguent, dialogue avec Alain de La Morandais et Malek Chebel (2011). Il a publié récemment un plaidoyer pour la fraternité républicaine, Réinventer les aurores (2020).
Depuis l’Institut de France, dont il est membre et où eut lieu la remise du prix, Haïm Korsia a rappelé que « le concept de fraternité entre les religions est au cœur de la République ». Dans la magnifique salle de l’Institut, ornée de statues et de portraits des hommes qui ont fait le génie scientifique et artistique de la France, le chancelier Xavier Darcos a évoqué pour sa part l’idéal académique d’entretenir une véritable amitié, qui rassemble, qui renforce, à l’instar de celle de Charles Péguy et Jules Isaac, et loué les qualités de l’Amitié judéo-chrétienne de France qui rejoignent cet idéal.
Jean-Dominiue Durand, Président de l’Amitié judéo-chrétienne de France, a défini le sens et l’importance du dialogue chez le Grand Rabbin de France: «Ce dialogue, vous le ressentez comme une nécessité qui vous vient de votre foi juive, car pour vous, ‘c’est le lien aux autres peuples qui fait l’essence du judaïsme’ (Réinventer les aurores, p. 64). La rencontre avec l’altérité est pour vous une ardente nécessité. Emmanuel Lévinas dit que ‘l’homme juif comprend le monde à partir d’autrui’. À sa suite, vous nous dites que la rencontre vous ‘pousse à penser l’autre comme un autre moi, c’est-à-dire porteur de désirs différents, mais pas moins dignes que les miens’ (Réinventer, p. 66). C’est une manière de définir la laïcité à laquelle vous êtes si attaché. La laïcité n’est pas un système de tolérance où l’on supporte l’autre tant bien que mal, mais un système de liberté, de connaissance mutuelle et de respect des uns par les autres, de respect des uns et des autres par les pouvoirs publics, un système où chacun apporte sa part pour faire société.»
