80 ans du soulèvement du ghetto, pluie d’hommages à Varsovie

Les principales célébrations du 80e anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie ont eu lieu au Monument aux héros du ghetto de la capitale polonaise, en présence des présidents polonais, allemand et israélien, mercredi 19 avril 2023. Des survivants de l’Holocauste et de jeunes Polonais et Israéliens étaient aussi présents, tout comme de nombreux représentants de l’Église catholique et d’autres religions.

À midi, toutes les cloches des églises de Varsovie ont sonné. Les présidents de Pologne, Israël et Allemagne, entre autres, se sont adressés aux participants aux commémorations. Un communiqué spécial a également été adressé au nom de la conférence épiscopale polonaise.

Un millénaire d’histoire judéo-polonaise

Le président polonais Andrzej Duda a d’abord rappelé dans son discours qu’avant la Seconde Guerre mondiale, la Pologne abritait de nombreux peuples et qu’à l’époque, Varsovie était la deuxième ville à abriter la plus grande communauté juive après New York. Quelques 350 000 citoyens polonais de confession juive y vivaient.

«Tout le monde, ici en Pologne et dans chaque petit coin, se souvient: tous ceux qui sèment la haine, tous ceux qui piétinent leurs voisins, piétinent les tombes des héros de l’insurrection du ghetto de Varsovie, piétinent les tombes des juifs assassinés, mais piétinent aussi les tombes de tous ceux qui ont aidé les persécutés et les assassinés à l’époque», a déclaré le président Andrzej Duda.

Le président israélien salue les Justes

Le président israélien s’est souvenu des victimes de l’Holocauste et a remercié ceux qui ont sauvé des Juifs. «Dans chaque État, il y a eu des Justes parmi les nations du monde, des membres de mouvements de résistance, y compris des Polonais, qui ont risqué leur vie et décidé de ne pas rester les bras croisés», a déclaré le président d’Israël, Isaac Herzog, poursuivant: «Les mères, les pères, les enfants, les grands-pères et les grands-mères ont réussi à préserver la moralité humaine, la responsabilité mutuelle, la foi en l’humanité et l’amour du prochain. Le principe fondamental juif dit: aime ton prochain comme toi-même».

Le président israélien a rappelé que la plupart des combattants de l’insurrection du ghetto de Varsovie n’ont pas survécu, mais l’esprit humain a prévalu «ici, sur ce sol, consacré par le sang de nos frères héroïques».

Les excuses allemandes du président Steinmeier

Premier chef d’Etat allemand à prononcer un discours devant le monument aux Héros du ghetto, le président Steinmeier a d’abord lancé une sentence en yiddish, langue parlée autrefois par les Juifs en Europe centrale et orientale. Puis, il a présenté ses excuses pour les crimes commis: «Aujourd’hui, je me tiens devant vous et je vous demande pardon pour les crimes que les Allemands ont commis ici.»

Le président Steinmeier a souligné comment les nazis allemands avaient méticuleusement planifié et exécuté l’Holocauste: «Les Allemands ont persécuté, asservi et assassiné les Juifs d’Europe et les Juifs de Varsovie d’une manière si cruelle et inhumaine que les mots nous manquent». «Les crimes terribles que les Allemands ont commis ici me remplissent d’une profonde honte. En tant que président de l’Allemagne, je m’incline devant les courageux combattants du ghetto de Varsovie», a-t-il ajouté.

Le danger d’absolutiser une idéologie

«Dans les jours terribles de l’Holocauste et du soulèvement du ghetto de Varsovie, vous avez défendu – et protégé (!) – la dignité humaine, le droit de vivre dans la dignité, y compris le droit de mourir dans la dignité», a pour sa part écrit Mgr Grzegorz Ryś, président du Comité pour le dialogue avec le judaïsme de la conférence épiscopale polonaise, dans un message à l’occasion ce 80e anniversaire.  

Se référant aux paroles de la prière «Chema Israel», Mgr Ryś a souhaité qu’elles «servent enfin d’avertissement et nous montrent à quoi mène l’idolâtrie et de quoi l’homme est capable lorsqu’il idolâtre et absolutise son idéologie, sa race, son peuple et, finalement, lui-même».

Le musée Polin de Varsovie, consacré à l’histoire des Juifs polonais, organise depuis dix ans l’initiative socio-éducative «Jonquilles». Une référence à Marek Edelman, le dernier commandant du soulèvement juif, décédé en 2009, qui avait l’habitude de marquer chaque anniversaire de l’insurrection en déposant en solitaire un bouquet de ces fleurs jaunes au pied du mémorial.

Plus grand ghetto juif d’Europe

Le ghetto de Varsovie était le plus grand d’Europe. À son apogée, il comptait près d’un demi-million de personnes. De juillet à septembre 1942, les nazis allemands ont déporté environ 300 000 juifs vers les camps d’extermination de Treblinka. Beaucoup sont morts de faim et d’épuisement dans le ghetto. Certains ont été sauvés. Ceux qui sont restés ont organisé, le 19 avril 1943, l’insurrection du ghetto de Varsovie. Il s’agit du plus grand soulèvement urbain juif contre les occupants allemands pendant la période de la Seconde Guerre mondiale. Selon certaines estimations, entre 700 et 2000 Juifs se sont battus. Le soulèvement a finalement été vaincu le 16 mai 1943. Le symbole de cette défaite fut la destruction de la Grande Synagogue de Varsovie par les Allemands.
 

Remarques de l’éditeur

Source: D’après Vatican News, 19 avril 2023.